Marc Delbès
Il avait six ans lorsqu'il a chaussé les skis de fond pour la première fois de sa vie. Et Jean-Philippe Le Guellec s'est juré ce jour-là qu'on ne l'y reprendrait plus. C'était bien avant qu'il découvre le biathlon.
Aujourd'hui âgé de 24 ans, Le Guellec se prépare fébrilement à vivre ses deuxièmes Jeux olympiques à Vancouver en février 2010. Et cette fois, il n'entend pas se contenter d'un rôle de figurant.
"Quand on m'a invité à joindre l'équipe de biathlon chez les cadets, je n'avais aucune idée du sport, se rappelle Le Guellec, dont les parents étaient officiers dans cet escadron. Quand on m'a répondu que c'était du ski de fond combiné à du tir à la carabine, j'ai surtout retenu qu'il y avait du tir à la carabine. C'est carrément pour ça que j'ai accepté."
Il avait alors 13 ans et il se débrouillait déjà pas mal au tir à la carabine.
"Chez les cadets, ce qui me démarquait, c'est mon tir. Ma mère m'a montré à tirer", poursuit-il. Celle-ci a déjà participé aux Jeux du Canada comme tireuse de précision.
Bien entendu, il lui a fallu apprendre à aimer le ski de fond, une facette indissociable du biathlon. Et petit à petit, son sport est devenu une passion, même s'il admet qu'il n'a pas toujours été facile de s'y consacrer entièrement au début.
Sa carrière a véritablement pris son envol en 2004 lorsqu'il a remporté le sprint 7,5 km des championnats du monde benjamin (17,18 ans) en France.
"Ma performance a fait la démonstration qu'un Nord-Américain pouvait obtenir des podiums en biathlon, un sport dominé par les Européens. Par la suite, j'ai obtenu d'autres médailles chez les juniors."
La transition a été plus délicate lorsqu'il s'est joint au circuit de la Coupe du monde.
"Au niveau senior, la progression a été plus lente. N'oublions que c'est la crème de la crème. Il est difficile d'y faire sa place. Plusieurs se découragent parce qu'ils ont brillé chez les juniors, puis ils se retrouvent 76e. C'est un bonne claque en plein visage."
Après avoir fait ses classes, Le Guellec a percé l'élite mondiale la saison dernière avec deux résultats qui lui ont permis de se classer parmi les 10 premiers en Coupe du monde - 7e et 8e des poursuites 12,5 km en Italie et en Autriche.
"Ces bons résultats m'ont quelque peu pris par surprise. L'année précédente, j'avais réussi deux percées dans le top-30. Et mon objectif était de me maintenir plus régulièrement parmi les 30 premiers. Alors quand je me suis classé 13e au premier sprint de l'année, je n'en revenais pas.
"C'est plaisant car je peux recommencer à penser au podium. Il y a longtemps que je n'ai pas ressenti ça. Je suis sur la bonne voie. Cette saison, tout est envisageable. Et cela ne peut mieux tomber puisque c'est une année olympique."
Podium
Même s'il a réalisé le critère qui lui permet d'avoir sa place au sein de l'équipe olympique, Le Guellec se refuse à prendre les choses pour acquises.
"Ma place aux jeux est confirmée, oui et non. Marc-André - Bédard, son coéquipier - peut arriver cette saison et faire le même critère que moi mais avec de meilleurs résultats. Dans ce cas, c'est lui qui irait aux jeux. Mais c'est certain que pour tous ceux qui ont atteint leur critère présentement, nous nous entraînons comme si nous allions à Vancouver. C'est ma priorité."
Après avoir décroché la 48e position de l'épreuve individuelle (20 km) à Turin, Le Guellec se plaît à répéter qu'il a été programmé pour monter sur le podium à Vancouver.
"Quand j'ai été recruté pour faire du biathlon civil, l'entraîneur Daniel Lefebvre mettait sur pied un groupe de développement en prévision de 2010. L'objectif était de créer un groupe d'athlètes qui se rendrait jusqu'aux Jeux de 2010 avec l'ambition de monter sur le podium. C'est comme ça que j'ai été approché. C'est la raison pour laquelle je dis que je suis programmé pour ça.
"Et ma progression me permet de croire que c'est possible de monter sur le podium à Vancouver."
Contrairement à d'autres athlètes qui prétendent que le Comité olympique canadien a placé une pression indue sur les épaules des athlètes en fixant le premier rang au classement des médailles, Le Guellec estime que l'objectif est stimulant.
"C'est un objectif concret. C'est la première fois qu'on vise à être les meilleurs et je trouve que c'est rafraîchissant."
Grand amateur de sports, Le Guellec apprécie aussi grandement la musique, ce qui lui permet de s'évader au besoin.
"J'ai toujours aimé la musique. Chez les cadets je jouais de la trompette. Ma copine - qu'il a épousé en mai dernier - joue du piano. J'écoute aussi beaucoup de musique. Mes choix sont variés. Parfois, c'est du jazz, du hip hop ou même du heavy metal."
Il s'est d'ailleurs acheté une guitare la saison dernière qu'il trimballe avec lui à l'étranger.
"J'ai remarqué que plusieurs athlètes avaient des guitares de voyage. Avant une course, il m'arrive d'en jouer pendant une quinzaine de minutes. Ça me permet de faire le vide. C'est extrêmement relaxant."
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