Les athlètes olympiques canadiens ont vécu, le temps de quelques heures, ce que les grandes formations du Canadien de Montréal vivaient assez fréquemment dans un passé hélas lointain. Nos Olympiens ont connu la frénésie d’un défilé de champions sur la rue Sainte-Catherine, vendredi midi, sous une température clémente et un beau ciel bleu.

« C’est comme gagner la coupe Stanley », ont mentionné à l’unisson les Éric Guay, Marianne Saint-Gelais, Alex Harvey, Vincent Marquis et tous les autres athlètes rencontrés.

La foule nombreuse – on comptait deux et parfois trois rangées de personnes le long du parcours de 1,6 km – a acclamé ses héros, qui l’ont tant fait vibrer aux Jeux olympiques de Vancouver.

« C’est cool, il y a tellement de monde ! a lancé Guay qui était dans le premier fardier. Ça fait chaud au cœur. Je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait autant de monde. »

Pour celui qui a remporté le globe de cristal du super-G cette saison à la Coupe du monde de ski alpin, c’est un bain de foule qu’il a apprécié au plus haut point. « Après les Jeux olympiques, on oublie souvent les athlètes amateurs, a dit le sympathique athlète. Ce défilé nous a permis, à nous les athlètes, de remercier la population. »

Pour la scintillante Saint-Gelais, un tel événement tombait dans ses cordes. « C’est super le fun. c’est vraiment hot, a déclaré la double médaillée d’argent en patinage de vitesse. Je n’avais jamais fait cela (!). C’est un bain de foule incroyable. Ça valait mille mots de voir la joie dans les yeux des gens. »

L’organisateur de l’événement, Marcel Aubut, ne pouvait contenir ses émotions. « C’est une parade (sic) historique pour le Québec, pour Montréal. Je suis super content », a déclaré celui qui sera officiellement nommé président du Comité olympique canadien samedi.

Le skieur acrobatique Vincent Marquis était ému après le défilé. « C’était bondé de monde, on entendait les gens nous crier : On vous aime. On est fiers de vous. Vous nous avez inspirés, a-t-il souligné. C’était vraiment touchant d’avoir cette reconnaissance. »

Alex et Pierre Harvey
photo : Hugo-Sébastien Aubert

Frénésie
Alex Harvey, lui, s’est dit surpris de l’ampleur de l’événement. « C’est incroyable de voir encore la frénésie dans la population deux mois après la fin des Jeux, a dit celui qui était accompagné de son père, Pierre, dans une voiture. Les Canadiens sont fiers des résultats que nous avons obtenus. Mais sans le support de la nation, nous n’aurions jamais remporté 14 médailles d’or et 26 au total. »

Son père se croyait sans doute dans un autre siècle, lui qui n’a jamais eu la reconnaissance qu’il aurait dû recevoir dans son temps d’athlète.

« Quand j’arrivais à l’aéroport après une compétition en Europe et que les journalistes me demandaient à quel rang j’avais terminé, j’étais gêné de leur dire que j’avais fini 16e, a raconté l’ex-skieur de fond. La population du Québec était habituée de voir le Canadien terminer premier et remporter la coupe Stanley, ma 16e place faisait un peu loser. Avant, il n’y avait que le Canadien de Montréal pour démontrer que les francophones étaient bons dans le sport, maintenant les gens s’aperçoivent que nous avons de bons athlètes dans plusieurs sports. »

Selon l’ingénieur, ce fut une bonne idée d’organiser ce défilé.

« Les gens aiment le sport, cet événement représente une motivation incroyable. L’hiver prochain, quand les athlètes seront découragés et qu’ils seront seuls à l’autre bout du monde, ils repenseront à cet acte d’amour et ça les motivera », a déclaré celui qui a participé aux Jeux d’hiver et aux Jeux d’été.

Deuxième génération
Harvey a soulevé un point important quand il a fait remarquer que le Québec était maintenant rendu à sa deuxième génération d’athlètes.

« Mes parents n’ont jamais fait de sport, a-t-il dit. Maintenant, Alex poursuit dans la même discipline que moi. En Europe, il y a des athlètes qui en sont à une quatrième et même à une cinquième génération d’athlètes dans leur famille. »

Alexandre Bilodeau, le premier Canadien à remporter une médaille d’or au pays, n’en revenait tout simplement pas.

« Nous ne sommes pas habitués de recevoir ce genre d’attention, on s’est sentis aimés », a déclaré le skieur acrobatique.

Pour sa part, le médaillé d’or en surf des neiges, Jasey-Jay Anderson, qui a reçu le plus bel accueil avec Joannie Rochette, s’est dit impressionné.

« C’est un moment unique dans une vie. J’ai essayé de pointer les enfants qui criaient mon nom et de leur dire de bouger, de bouger. Il ne faut pas qu’ils demeurent inactifs », a prêché le nouveau retraité.

Finalement, le skieur alpin Julien Cousineau a fait remarquer que c’était une belle clôture des Jeux de Vancouver, puisque les Jeux olympiques, « ça rassemble un pays ».

Bien sûr, le défilé avait été organisé pour rendre hommage aux athlètes, mais le Rest of Canada doit sûrement être fier de Montréal aujourd’hui.

Et sans dire que c’était noir de monde, le bleu immaculé du ciel contrastait avec la marée de petits drapeaux rouges unifoliés.

Mais le mot de la fin revient à un badaud qui a lancé au tout début du défilé : « C’est une parade pour l’enterrement du Canadien ! »

Il va sans dire, quoi que l’on fasse, quoi que l’on dise, Montréal vivra toujours au rythme du Canadien.

Gala
Tout l'aéropage olympique canadienne se déplaçait en soirée au Centre Bell pour le gala et la cérémonie d'intronisation au Temple de la renommée olympique du Canada.

À cette occasion, on devait rendre hommage à la kayakiste Caroline Brunet, au sprinter Bruny Surin, à la patineuse de vitesse Susan Auch, aux bâtisseurs Walter Sieber, Peter Lougheed et Carol Anne Letheren (à titre posthume), ainsi qu'à l'entraîneur d'athlétisme Paul Poce.

Ginette Reno, Simple Plan, Sarah McLachlan, Nikki Yanofsky et Tom Cochrane figuraient parmi les artistes invités.

_________________________

Note du webmestre :
Rue Frontenac est la publication des journalistes mis en lock-out par la direction du Journal de Montréal, qui continuent, malgré tout, à couvrir l'actualité, pour notre plus grand plaisir.
Plein d’articles au sujet du lock-out.

Dasha Gaïazova le 23 avril
photo : Claude Bolduc, les2photographes.com