26 mars 2004

À bicicletta sur la Costa Blanca

Mathieu Toulouse

Après avoir passé mes derniers hivers à Victoria, je voulais un peu de changement. En plus, cette année, on attendait sur la côte ouest la visite de La Niña, petite sœur espiègle d'El Niño, qui amène souvent avec elle pluie et temps froid. Rouler sous la pluie pendant six heures, ça donne de bonnes histoires à raconter, mais, comme le disait si bien mon ami Éric Tourville: «Tant qu'à payer pour aller quelque part, aussi ben aller là où il fait beau.»

J'ai suivi son sage conseil: je vous écris depuis les abords de la mer Méditerranée, en Espagne. Je suis à Xabià, sur la Costa Blanca, en compagnie de mon ami et collègue vététiste Chris Sheppard. Chris connaissait déjà l'endroit et l'avait vivement recommandé. La région est absolument magnifique. Alentour, de belles routes tranquilles nous font passer à travers des orangeraies. D'autres, plus sinueuses et vallonnées, nous amènent le long de la côte; il y a aussi de bonnes montagnes. La température a été impeccable jusqu'à présent: on a eu du soleil à presque tous les jours et un mercure qui, en général, se situait au-dessus des normales.

Pas étonnant que cet endroit soit très prisé par les cyclistes européens. Les équipes de route professionnelles y font souvent des «camps d'entraînement» hivernaux où elles profitent de l'occasion pour tenir des opérations médiatiques. Remarquez, on entend rarement parler de ces camps sur la Costa Blanca, mais j'ai quand même vu les Rabobank, Phonak, Lotto, Palmans, Euskaltel et Cofidis s'entraîner – pour vrai – ici. Un jour, des gars de Cofidis m'ont même invité à rouler un peu avec eux. C'est assurément la seule fois de ma vie où j'ai roulé avec les deux champions du monde en titre sur route (Igor Astarloa en route et David Millar en contre-la-montre individuel). Puis, deux jours plus tard, je roulais avec Chris et nous avons rencontré Philip Meirhagae et Roel Poelissen, un autre champion du monde, en VTT cette fois. En somme, c'est un peu la mecque de l'entraînement hivernal ici. J'apprécie énormément mon expérience. La culture ibérique me plaît bien. Je m'habitue à l'horaire: tout est fermé pour la sieste entre 13 h 30 et 16 h 30, et le repas du soir se prend vers 22 h. Si vous vous présentez dans un resto avant 21 h 30 pour souper, soit on vous dira qu'il est bien trop tôt en vous regardant d'un air confus, soit, pire encore, on vous fera asseoir dans la salle à manger, où vous comprendrez vite que la seule autre table occupée est celle des membres du personnel, qui espéraient bien manger en paix avant d'entamer leur «quart de travail».

La bouffe est très bonne, quoique pas toujours idéale pour un cycliste qui essaie de garder un poids de grimpeur (tout est bien arrosé d'huile d'olive). Mais ce n'est pas grave: selon Pascual, propriétaire d'un resto du coin, l'huile d'olive ne fait grossir que si elle est cuite; comme condiment, y a pas à s'en faire, dit-il, on peut en manger tant qu'on veut. Il laisse aussi entendre que l'huile d'olive lubrifie les genoux des cyclistes. Et Pascual-le-patriotique insiste: l'Espagne produirait 40 % de l'huile d'olive à l'échelle mondiale.

Mon espagnol s'améliore de jour en jour. Malheureusement, dans le coin, on parle aussi le valencià, dialecte de Catalàn. Je n'irai pas jusqu'à dire que je n'y comprends goutte, mais ce n'est pas facile. Il y a ici un peu de discorde sur la préservation de la culture et de la langue locales, ce qui n'est pas sans rappeler un certain débat national.

• • • • •

Comme j'en ai l'habitude, voici ma petite mise à jour de l'actualité dans le monde du VTT, même si elle concerne les vététistes qui sont passé à la route en attendant le début de la saison de vélo de montagne.

Roland Green est actuellement en Malaisie, où il dispute le Tour de Langkawi (sur route). Je lui ai parlé il y a quelques jours; il m'a dit ne pas avoir le même niveau de forme que l'an passé à pareille date, en grande partie à cause de la mauvaise température à Victoria qui l'a contraint à des journées d'entraînement plus courtes (ah ha! La Niña). Le connaissant, je doute toutefois que ce léger retard l'empêche d'être au sommet de sa forme pour les Jeux olympiques. C'est également l'objectif principal de Philip Meirhagae en 2004. C'est clair, on peut s'attendre à un combat de titans.

Ryder Hesjedahl continue son entrée en matière chez US Postal. Il a fait son premier camp d'entraînement avec le reste de l'équipe et en est revenu avec un paquet de nouvelles idées. Bon prince, il partage volontiers ses conseils, mais ne manque pas de commencer ses phrases ainsi: «Johan (Bruyneel, directeur sportif chez Postal) dit que…». Il doit entamer sa saison sur route en février.

Pour le reste, c'est plutôt tranquille. La plupart des coureurs sont, comme Chris et moi, en pleine période d'entraînement et se préparent à fourbir leurs armes pour les premières courses de la saison. Dans notre cas, le premier rendez-vous sera la première course de la série Norba, à Waco (Texas). Je vous raconte tout dans mon prochain article.


nouvelles achat & entretien rouler au Québec hors Québec sécurité course cyclos montagne industrie quoi d'autre ?

Page mise en ligne par SVP

Guy Maguire, webmestre, info@veloptimum.net
Consultez notre ENCYCLOPÉDIE sportive

veloptimum.net