La triste fin de carrière de Geneviève Jeanson vient encore salir un sport déjà montré du doigt à de multiples reprises depuis des années. Personne dans le cyclisme québécois n’est très surpris de ce nouveau scandale touchant cette athlète de 24 ans. Dans son cas, il s’agit du quatrième incident d’une désolante saga.
Mais où est donc son entraîneur André Aubut alors que sa protégée coule à pic ? Ce duo indissociable fera-t-il front commun jusqu’au dernier naufrage ? Les proches de la cycliste de Lachine doivent aussi répondre à quelques questions.
L’année 2005 marquera un tournant dans la lutte contre le dopage. Les vérifications sont plus performantes et de grands coureurs sont rattrapés par l’escouade, mais, curieusement, le dopage ne choque plus.
Selon une étude récente réalisée dans quatre pays d’Europe, deux personnes sur trois croient que les coureurs cyclistes restent de grands champions, avec ou sans dopage.
Les Européens seraient-ils plus permissifs que les Canadiens ou les Américains ? Sans doute que non. Cette enquête aux résultats troublants, réalisée en septembre dernier par la firme Ipsos pour le compte du journal sportif L’Équipe, a clairement indiqué que le dopage dans le cyclisme ne choque plus l’opinion publique (France, Allemagne, Espagne et Italie).
Cette mentalité plutôt inquiétante a traversé l’océan depuis longtemps et elle peut maintenant s’appliquer à d’autres sports olympiques dont la crédibilité commence à être sérieusement entachée. À moins de trois semaines des Jeux de Turin, le débat est loin de s’essouffler.
Qu’ils considèrent ce phénomène comme étant banal ou comme un mal nécessaire, les amateurs de sports sont certainement saturés de scandales. Citant les sports les plus touchés par le dopage, les personnes sondées ont nommé l’athlétisme à 46 %, le football à 42 % et le cyclisme... à 80 % ! Ce sondage a été effectué auprès de 2028 personnes de 15 ans et plus, entre le 20 et le 23 septembre 2005.
Face à ce problème qui discrédite le sport, la tolérance du public ne cesse d’augmenter. Pourtant, l’attitude des répondants balance toujours entre l’ange ou le diable, puisque la lutte anti-dopage et les dénonciations sont encouragées.
Au total, 80 % des personnes interrogées désirent que les cas soient systématiquement rendus publics. Pour couronner le tout, il apparaît évident que la population ne sait plus trop quoi penser de cette chasse aux tricheurs, car la majorité estime que les médias parlent trop des affaires de dopage.
Les gens veulent savoir qui échoue le test, mais ils ne souhaitent pas à tout prix voir l’athlète épinglé au tableau du déshonneur. Dans le cas de Jeanson, plusieurs continueront d’éprouver de la sympathie pour elle. Les spectateurs commencent à comprendre qu’en excluant les substances illicites, les athlètes les plus adulés sur la planète seraient encore les mêmes, mais pas leurs records.
Il faut du talent pour atteindre le haut de l’échelle. Il faut autre chose pour y rester. Les mordus de sports se dirigent lentement vers un réel sentiment d’indifférence, avec le souhait profond que le champion qui les fait vibrer n’échoue pas de test antidopage. Pour la forme et l’apparence, ils continuent de décrier de façon radicale la fiole et la seringue.
Le 23 août, le journal L’Équipe avait également lâché une bombe en dévoilant «l’affaire Armstrong » et les échantillons positifs à l’EPO prélevés sur le Tour de France 1999. Dans ce dossier, il est trop tard pour démolir la vedette de 34 ans. Les tentatives répétées de salissage du septuple vainqueur du Tour de France nuisent beaucoup plus à ce sport fragile qu’à ce sportif ayant pris sa retraite dans la gloire. La route est dangereuse si on regarde constamment dans le rétroviseur.
Comble de l’ironie, la majorité des sondés, surtout en France, pense qu’il est impossible de bien figurer au classement du Tour de France sans se doper (71 %).
Le même sondage devrait être fait ici. Si la drogue n’est plus un problème en politique, il n’y a plus de raison pour qu’elle choque dans le sport. Les gagnants restent de grands champions. Seules leurs performances ne sont pas toujours humaines.
Notre journaliste est membre de l’Équipe du Québec en cyclisme sur route depuis 1998.
nouvelles | achat & entretien | rouler au Québec | hors Québec | sécurité | course | cyclos | montagne | industrie | quoi d'autre ? |
Page mise en ligne par SVP
vélo
ski de fond
plongeon
Consultez
notre ENCYCLOPÉDIE sportive