par Dominique Perras

Nouvelle équipe, nouveaux coéquipiers, nouveau pays, nouveau commanditaire, nouveau vélo : je repars en neuf (ou en oeuf, comme Alex Baumann). En effet, me voilà désormais avec une équipe suisse, Phonak Hearing Systems.

Ce n'est toutefois pas de Suisse que je vous écris ces lignes, mais bien de Malaisie où nous nous apprêtons à disputer notre première course de l'année, le Tour de Langkawi. En trois semaines (nous sommes en janvier), je suis passé du froid glacial des pistes de ski québécoises à la chaleur extrême de la Malaisie, après un séjour de deux semaines en Suisse à rouler dans des conditions, disons, semi-hivemales.

Janvier, c'est le mois des présentations et des photos pour les équipes professionnelles. Nous nous y sommes prêtés de bonne grâce, mes coéquipiers et moi, d'abord dans un grand hôtel de Zurich, puis chez notre commanditaire principal, Phonak Hearing Systems, une société qui produit des appareils auditifs pour les malentendants ainsi que des appareils de communication radio. Cette entreprise exploite une usine de plus de 500 employés en banlieue de Zurich.

Une présentation impressionnante, avec grands moyens audiovisuels et, notamment, la traduction simultanée en trois langues (allemand, anglais et français) grâce à de petits baladeurs. Pour les photos, sky is the limit. On a même fait entrer dans le lobby de l'hôtel un véhicule à l'effigie de l'équipe ! Croyez-moi, ici, le vélo, c'est sérieux : nous avons fait la une des journaux et des bulletins de sport suisses. L'atmosphère est très positive, voire euphorique : Phonak Hearing Systems a annoncé un investissement à long terme (au moins cinq ans) et son désir d'être en première division dès 2001, ou au plus tard en 2002. Cela, bien sûr confirme des intentions d'augmenter le budget de l'équipe de façon considérable dès l'an prochain. Le pdg de ce holding nous a confié qu'il investit dans le cyclisme pour les retombées financières potentielles, mais il a été incapable de dissimuler sa passion pour le vélo.

Une équipe suisse, donc, mais assez internationale par ses coureurs et son programme. Dirigés par un manager suisse, Jean-Jacques Loup, et un directeur sportif français, Jacques Michaud, nous sommes 13 coureurs : sept Suisses, deux Français, deux Autrichiens, un Biélorusse et un Canadien-qui-est-en-fait-un-Québécois, une réalité plaisante pour notre commanditaire, qui est déjà présent dans plus de 30 pays.

Remarquez, entre nous tous, ça pose quelques problèmes de communication. Même si la langue d'usage est le français (manager, directeur sportif, secrétaires, mécaniciens et autres employés sont francophones), plusieurs ne parlent que l'allemand (le Suisse notamment et l'Autrichien) et un peu d'anglais. Le langage des signes est parfois utile, mais on réussit toujours à se comprendre quand même.

J'ai aussi reçu mon programme de course pour la première moitié de la saison. Ce dernier repose sur les deux principaux objectifs de notre équipe, soit le Tour de Romandie au début de mai et le Tour de Suisse à la mi-juin. Ces deux courses par étapes sont cotées hors catégorie, soit une coche sous les trois grands tours (Italie, France et Espagne) et me conviennent parfaitement : leur profil est très montagneux.

J'aborde donc le début de la saison sans trop de stress, avec l'intention de me mettre en forme progressivement, tout en gardant toujours en tête d'avoir assez de bons résultats pour justifier ma présence à ces deux grandes courses (sur 13 coureurs, huit seulement seront de la partie au Romandie et neuf au Tour de Suisse). Ainsi, en février et en mars, je ferai notamment le Tour de Malaisie, quelques courses en Croatie, des coupes de France, probablement Tirenno-Adriatico et le Critérium international. Puis, un petit repos début avril, suivi d'une grosse charge : la Semaine Lombarde en Italie, le Tour de Romandie, l'OBV classique (Autriche), le Midi-Libre (France), la Classique des Alpes, le Tour de Suisse et quelques autres courses d'un jour. En bref, une soixantaine de jours de course d'ici la fin juin, avant de rentrer au Canada pendant un mois pour faire la sélection olympique. Ce joli calendrier est, bien sûr, sujet à changement selon ma forme... ou mes blessures.

D'ici la publication de ce texte, j'aurai probablement déjà quelques courses sous la pédale. Plus de détails dans le prochain numéro !

À la suite de ses très belles performances au Tour Trans-Canada et à la Japan Cup l'automne dernier, Dominique Perras a signé un contrat avec une équipe professionnelle suisse. Dans chaque numéro de Vélo Mag, il nous racontera sa nouvelle vie de coureur à l'européenne.

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