par Dominique Perras
«Et c'est le concours de grimaces qui recommence !»
Voilà l'une des expressions favorites de Bertrand Duboux, le René Lecavalier des courses cyclistes à la télévision suisse romande, lorsque les coureurs arrivent au pied des cols. Parce que c'est en montagne que le vélo fait le plus mal, souvent pendant plus d'une heure. Les coureurs sont alors au maximum de leurs capacités pour monter leur carcasse, parfois sous des chaleurs torrides.
Chaque montée ou col porte un nom, parfois assez ironique : il y a le col des Mille Martyrs en Haute-Savoie (FR/Classique des Alpes), le col de la Croix dans le canton de Vaud durant le Tour de Romandie (dans la descente à 100 km/h, j'ai d'ailleurs pensé à la croix qui ornera ma tombe), le col du Glandon ou encore le col de l'homme mort (ça veut bien dire ce que ça veut dire !) gravi lors du dernier Tour de France.
Chez les cadets, l'une des premières leçons que l'on m'a inculquées, c'est de ne jamais abandonner. On m'a vivement encouragé à toujours finir mes courses. Ainsi, depuis mon arrivée chez les pros, j'ai du mal à me défaire de ce précepte, et peine à ne pas en prendre un coup au moral quand je pose le pied à terre.
Remarquez, aucun coureur professionnel ne termine toutes les courses auxquelles il participe. Il faut s'y faire, penser à la prochaine course dès que l'on est «hors du coup» (c'est-à-dire dès qu'on n'a plus de chances de se tailler une place dans les 10 premiers ou d'accumuler les fameux points UCI), surtout à l'occasion de courses d'un jour. Que ce soit pour des raisons tactiques, de méforme ou en raison d'un problème de santé, une chose est claire : à ce niveau, même les meilleurs coureurs sont peu compétitifs s'ils ne sont pas top shape. À titre d'exemple, des 153 coureurs qui ont pris le départ de la Classique des Alpes, 41 ont terminé. Des 127 au départ du Schynberg Rundfart, 32 ont franchi le fil d'arrivée.
En mai, j'ai justement eu de la difficulté à être compétitif. Une bronchite attrapée au Tour de Romandie m'a forcé à l'abandon à l'UNIQA Classic (Autriche), puis au Grand Prix de Berne (Suisse). Puis, j'ai dû prendre une semaine de congé (presque) sans rouler, étant sous antibiotiques, et deux semaines d'entraînement «à la maison», sans participer à la moindre épreuve. J'ai donc pu profiter de mes après-midis pour suivre le Giro à la télé (deux heures par jour en direct !), le Midi Libre et d'autres courses. Ah ! si on pouvait en voir quelques-unes au Québec...
J'ai donc effectué un retour à la compétition à la Classique des Alpes, une course «destructrice» ponctuée de sept cols, le tout effectué sous une chaleur torride. Je serais curieux de connaître le dénivelé de cette course... Sûrement plus de 3000 mètres ! Fringuant au début, j'en ai passé trois en tête, jusqu'à ce que je craque sous l'impulsion des Once et de la fameuse équipe basque Euskatel, qui fait un tabac en montagne cette saison. La course a été remportée par José Jiminez, devant Fernando Escartin et Lance Armstrong.
Un aspect encourageant noté chez les professionnels : quand on se fait lâcher, on trouve toujours de grands coureurs qui ont connu le même sort ! Ainsi, lors de cette course, les Vinoukourov, Kioden, Rinero, Julich et autres se sont fait lâcher bien avant moi... sans compter Jan Ulrich qui a abandonné au deuxième kilomètre, souffrant de maux de dos !
J'ai couru de façon plus encourageante au Schynberg Rundfart, où j'ai terminé deuxième du Prix de la montagne et 19e après avoir fait une très bonne course sur un parcours très sélectif. Après un mois d'absence, c'est un retour raisonnable.
Mais le plus dur reste à venir, avec le Tour de Suisse, l'épreuve finale de préparation au Tour de France pour les «grands coureurs» comme Ulrich, Vandenbroucke, Casagrande, Garzelli et Pantani. Sur 10 jours, on y compte quatre étapes de haute montagne, avec des cols de plus de 2000 mètres. Il s'agit sans aucun doute de l'objectif principal de mon équipe, qui semble véritablement lancée, avec la première victoire UCI de Lukas Zumsteg au GP de Berne (1.3), et la bonne forme de Mathias Buxhofer, septième au Tour d'Allemagne (2.3) et 8e à l'UNIQA en Autriche après un très bon Tour de Romandie (ce sera probablement lui notre leader). Quant à moi, en plus de tenir mon rôle d'équipier, je viserai plutôt un résultat d'étape. Puis, au moment où vous lirez ces lignes, je serai déjà de retour au Québec pour préparer les championnats canadiens (sélection olympique) et on aura, je l'espère, l'occasion de jaser ensemble...
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