10 août 2000

Le Grand Tour déplore l'absence de jeunes cyclistes

André Noël

Saint-Jovite
Yannick Desaulniers faisait figure d'oiseau rare au Village du Grand Tour, qui a fait relâche hier. C'est qu'on trouve très peu de jeunes gens de son âge (il a 15 ans) parmi les participants. Les organisateurs de l'événement s'en inquiètent.

On compte deux fois plus de Grands Touristes de 65 ans et plus que de 17 ans et moins (une vingtaine sur 1850). Yannick voyage avec son grand-père, Alphondor Desaulniers, 70 ans, dont les cheveux blancs sont aussi communs que les immortelles le long des routes.

De son côté, Yannick, un garçon filiforme mais agile, est un cas d'espèce. Il est arrivé 77e à Saint-Jovite, mardi, après avoir roulé 125 kilomètres depuis Mont-Laurier. Il a roulé à une vitesse moyenne de 35 km/h, ce qui est très rapide. Son grand-père s'est contenté d'une vitesse de croisière de 23 km/h et l'a rejoint à 15h.

Pour réaliser un tel exploit, Yannick a hérité du vélo de son grand-père, manifestement un bon ami. Ce dernier soumet son petit-fils à un régime presque militaire, aux antipodes des habitudes adolescentes : coucher à 20h, lever à 5h, départ à 8h. De toute façon, Yannick ne se fait pas prier pour se coucher : il est brûlé le soir venu.

Le jeune garçon fréquente surtout des copains qui aiment le sport, mais il en connaît plusieurs «qui ne se donnent pas la peine». M. Desaulniers, lui, estime que le gouvernement ne fait pas assez la promotion de l'activité physique auprès des jeunes.

Et Yannick de renchérir : « Plusieurs élèves ont de la misère avec les cours d'éducation physique. Ils sèchent les cours ou s'inventent des blessures.» S'est-il fait des amis de son âge au Grand Tour (le GT pour les intimes) ? «Non, répond-il simplement. Il y a peut-être des jeunes ici, mais je n'en ai pas vus.»

En revanche, on verra de plus en plus de personnes âgées réalisant des exploits. Le GT regorge de «petits vieux» pétant la forme. Le grand-père Desaulniers a des mollets que bien des garçons de 17 ans pourraient envier. «Je pratique la danse aérobique trois heures par jour», confie-t-il.

Depuis sa retraite, il a conquis le Kilimandjaro (Kenya), un sommet de 5900 mètres de neige et de glace que l'on doit escalader de nuit, lorsque le couvert est bien gelé. Il s'est aussi promené en Terre de Feu, au Chili, et en Patagonie. Il a grimpé des pics de l'Himalaya au Bhoutan, un pays qui vient de s'ouvrir au tourisme. Ses trophées de chasse cyclistes de la dernière décennie : Vietnam Hawa:i, Pays-Bas, Cuba.

Le Québec deviendra-t-il une société remplie de vieux athlètes, et de jeunes souffrant d'embonpoint ? C'est ce que se demande un des organisateurs, Richard Saulnier, qui rédige, avec un collègue, le bulletin quotidien du GT, le Déchaîné.

«Une jeune fille d'une quinzaine d'années qui fait le GT m'a annoncé qu'elle cesserait probablement de faire du vélo, car ses amis n'en font pas, relate-t-il avec un grain d'amertume dans la voix. De nombreuses études canadiennes ont lancé un signal d'alarme : le taux d'activité physique se dégrade rapidement chez les jeunes, et l'embonpoint monte en conséquence.»

Richard Saulnier ne fait pas porter le blâme sur les jeunes, mais sur la génération de leurs Parents. «Nous, les baby-boomers, on a grandi à une époque où les cours d'éducation physique avaient la cote, constate-t-il. On construisait beaucoup d'infrastructures sportives. Aujourd'hui, on ne fait rien pour les jeunes.»

«On ne rend même pas sûr le chemin entre la maison et l'école pour permettre aux jeunes de se déplacer à pied ou en vélo. lis prennent l'autobus ou se font reconduire en auto par leurs parents. Pourtant, intégrer le vélo à la vie quotidienne ne coûterait pas cher et aurait beaucoup d'impact.»

Les Britanniques ont lancé une campagne intitulée «Safe Roads to School», indique M. Saulnier. Diverses mesures publiques favorisent l'utilisation systématique du vélo comme moyen de transport dans plusieurs pays européens. L'hiver n'est-il pas un obstacle au Québec ?

«Non, répond M. Saulnier. Le nombre de jours où les routes sont obstruées par la neige est limité. Les pays où l'utilisation du vélo est la plus répandue sont justement des Pays pluvieux et froids, comme le Danemark et les Pays-Bas.»

De la pluie, justement, il en est tombé à verse, hier. Les Grands Touristes ont profité de leur journée de congé pour faire la lessive, magasiner, se payer de bons repas dans les restaurants de Saint-Jovite et de Mont-Tremblant. Aujourd'hui, c'est probablement sous la pluie qu'ils devront rejoindre Lachute. Ils termineront leur périple à Saint-Lambert samedi.

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Avec la collaboration d'André Poirier, Vélo-Mag.


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