22 juillet 2006

Brouhaha à la ligne d’arrivée

Pierre Hamel

Une étape tranquille pimentée par une histoire rocambolesque à la fin de l’étape. Le Canadien Mark Hinnen augmente son avance en tête du classement général.

Val-d’Or – Le petit village de Preissac revêt toujours ses plus beaux atours pour accueillir la caravane du Tour de l’Abitibi. Le décor est bucolique et on a noté un seul changement majeur par rapport aux années précédentes. La ligne de départ a été déplacée (100 m plus loin !) et tout le monde était bien content. Le maire Gingras l’a souligné dans son allocution juste avant le départ. « Le Tour sera toujours le bienvenue à Preissac et on pourra déplacer la ligne à votre guise. Devant l’église ou devant l’École Saint-Paul, ça nous importe peu. »

Le ton était donné. On allait assister à une petite étape tranquille où les paysages, le soleil et les petits rapides de la rivière Preissac seraient à l’honneur. De toute évidence, les jeunes coureurs du Tour ont vécu au même rythme que la caravane et en ont profité pour reluquer l’un des beaux parcours de ce Tour de l’Abitibi. Ils ont aussi vu comme nous, de petits trésors d’architecture rustique. On pense notamment à cette tête d’orignal vissée sur un grand réservoir d’huile de 45 gallons. Saisissant !

De retour sur la 117, les coureurs, sans doute un peu secoués par cet orignal alambiqué, ont continué à rêvasser. Il y a bien eu quelques secousses lors des sprints de bonification et les Grands Prix de la montagne mais rien pour réveiller les membres de la caravane de presse. Le Québécois David Nadeau en a profité pour grappiller quelques points dans sa course au maillot orange. William Goodfellow en a fait de même pour protéger le même maillot pour son coéquipier Mark Hinnen.

Pour vous donner une meilleure idée de l’allure de la course, on peut juste vous dire que l’ardoisier n’a donné un écart qu’une seule fois à une échappée. Et il était d’une dizaine de secondes seulement. En fait, jusqu’au Pont de la rivière Thompson, à l’entrée de la ville de Val-d’Or, l’ardoisier a salué les conducteurs de camions qui étaient stoppés sur le bord de la route de même que les spectateurs sur le parvis... de leur gazon. Un peu la version moderne d’un pape-mobile-ardoisier.

Les choses sérieuses ont débuté à une vingtaine de kilomètres de l’arrivée. Une échappée de 8 coureurs, menée par Vincent Blouin de l’équipe du Québec, s’est formée et elle a réussi à se bâtir une mince avance de 24 secondes. Mais, avec l’arrivée en critérium au centre-ville de Val-d’Or, il était assez évident que l’échappée ne se rendrait pas au bout. À un kilomètre de la fin, tout ce beau monde a été rejoint par la peloton.

On a eu droit à un sprint massif assez particulier. L’Américain Ben Barsi-Rhyne a pris la pôle et le maillot brun. Mark Hinnen l’a remonté jusqu’à la ligne d’arrivée. Trop peu, trop tard. La photo-finish était claire. « C’est sûr que j’aurais aimé ça gagner l’étape. J’avais pourtant pris la bonne roue... »

La suite de ce sprint échevelé a donné des sueurs froides à tout le monde. Deux coureurs ont chuté, puis un troisième juste en face de la tribune d’honneur. Ce dernier, membre de la formation Baraboo Sharks, s’est protégé pour ne pas avoir des dizaines d’empreintes de pneus imprégnées dans le visage. L’un de ses coéquipiers, qui avait déjà franchi la ligne d’arrivée, est revenu sur ses pas, a franchi de nouveau la ligne pour aller voir l’étendue des dégâts. Au même moment, un autre membre de la même équipe, attardé, entrait en trombe vers la ligne d’arrivée. Il a contourné l’ambulance qui était là pour porter secours à son coéquipier et est entré de plein fouet avec celui qui venait aux nouvelles... Trois membres de la même équipe gisaient donc au sol. Une première dans le monde du vélo. Un mini-Beyrouth abitibien. Heureusement, l’histoire s’est bien terminée et ils ont tous la chance de coucher à la Polyvalente ce soir.

Au classement général, Mark Hinnen a augmenté son avance. Il précède ses coéquipiers William Goodfellow et Guillaume Boivin respectivement par 16 et 30 secondes. La dernière étape du Tour est un critérium de 54 km au centre-ville de Val-d’Or. Pas de changement majeur à prévoir.

Les citations du jour
« On a travaillé très fort pour protéger le maillots aux points de Mark (Hinnen). »
Guillaume Boivin, membre la l’équipe canadienne

« I forgot »
Mark Hinnen, en réponse à son Directeur sportif qui lui demandait pourquoi il n’a pas enlevé son coupe-vent d’équipe lorsqu’il est monté sur le podium. Le jeune est passible d’une amende.

Roue Libre
• Le petit mensonge du jour
« Moi, je prends toujours une seule portion du menu du jour. Je respecte la consigne. »
La grande majorité des coureurs...

• Après une semaine, notre collègue Bruno Boulianne, originaire de Rouyn et cycliste à ses heures, a encore un peu de difficultés à saisir certaines subtilités de la course. Par exemple, il ne comprend pas que certains sprints méritent de l’argent aux coureurs pendant que d’autres donnent des points pour la course au maillot orange et des secondes de bonification. De guerre lasse, on lui a fait croire qu’il y avait aussi des points Air Miles attachés à ces sprints. Ç’a marché jusqu’à ce qu’il nous demande, le plus sérieusement du monde : « Qu’est-ce que les Colombiens vont faire avec ça ? »

• On s’est enfin débarrassé du Grand Prix de la montagne... parce qu’il n’y a pas de côte demain au centre-cille de Val d’Or ! On ne vous en parle pas souvent parce que c’est presqu’une joke mais vous savez qu’il y a un Grand Prix de la Montagne au Tour de l’Abitibi. À chacune des étapes, certains coureurs se battent pour aller chercher les points rattachés à ce Grand Prix. À Mont-Brun, tout près du Parc d’Aiguebelle, au Témiscamingue aussi, il y des côtes dignes de mention mais sur le parcours des récentes éditions, on les cherche (soyons beau joueur, il y en a quelques-unes en quittant Preissac). Parfois, le drapeau blanc, qui indique la ligne où sera jugée l’arrivée, se retrouve tout juste dans la petite descente qui suit le « sommet » de la butte. Pour être bien honnête, l’une des côtes les plus difficiles est celle que le coureur qui remporte ce Grand Prix doit franchir lorsqu’il monte sur la plus haute marche du podium...Les Colombiens et les Français sont friands de ce Grand Prix. On les imagine bien retourner chez eux ou se présenter dans d’autres courses internationales et inscrire à leurs palmarès : Champion du Grand Prix de la Montagne en Abitibi.


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