Pierre Hamel
Une première étape beauceronne à la sauce québécoise. Martin Gilbert gagne l’étape devant Dominique Rollin et enfile le maillot jaune.
Saint-Georges – Lors des vingt derniers kilomètres de cette première étape (166 au total), disputée en grande partie sous la pluie, Martin Gilbert (Volkswagen Trek) n’a pensé qu’à une seule chose : « Tant qu’à être dans l’échappée de tête, je me suis dit que j’étais aussi bien de gagner… » Et il a travaillé comme un forcené au sein de l’échappée de 14 coureurs qui était en cavale depuis le 100e kilomètre. Et dans la longue descente vers l’arrivée, à l’avant-dernier virage, il a profité du lead-out d’un concurrent, Mark Walters (Navigators), pour sortir du virage en 2e position. Le temps de le dire, il a attaqué de nouveau avant le dernier virage et il a semé la meute à ses trousses. « À 200 mètres de la fin, j’ai eu peur qu’ils me rejoignent mais, finalement, j’ai résisté. »
Dominique Rollin (Équipe du Québec), deuxième derrière Gilbert, était bien content même s’il a été un peu coincé vers la fin. « À un certain moment, j’étais 10e mais je pense que plusieurs coureurs avaient la chienne à cause de la chaussée glissante. Je me suis faufilé et j’ai réussi à revenir sur Martin (Gilbert). »
En début d’étape, c’est un autre Québécois qui a donné le ton à cette journée qui avait des allures de fête nationale… du cyclisme. Jean-Sébastien Béland (Équipe du Québec), un vieux (!) coureur de 31 ans que l’on n’avait pas vu depuis longtemps sur les routes de la Beauce, est parti comme il le faisait si souvent dans ses bonnes années… Il s’est promené en tête, tantôt seul, tantôt avec un ou deux coureurs, pendant presque 80 kilomètres. À un certain moment son avance dépassait quatre minutes. Il a bien tiré la langue à quelques reprises en passant à côté de la voiture de presse mais ça ne l’a pas empêché de compléter sa journée de travail. Quel plaisir de retrouver ce baroudeur.
Ce fut ensuite au tour d’Alexandre Cloutier (Volkswagen-Trek) de tenir la flamme québécoise. Pendant une trentaine de kilomètres, ce fort beau pédaleur a couru son contre-la-montre individuel. Lui aussi a vu son avance culminer à près de 4 minutes avant qu’un groupe de 13 coureurs ne le rejoignent à une cinquantaine de kilomètres de la fin. Cloutier s’est accroché à ce groupe et il a finalement aidé son coéquipier Martin Gilbert à remporter la victoire.
L’équipe canadienne, dont font partie Charles Dionne et Dominique Perras, est l’une des grandes perdantes de cette journée. « On a manqué le bateau, a expliqué Perras. Je ne me sentais pas très bien aujourd’hui et on a raté la bonne échappée. » Résultat : Perras et Dionne ont perdu 57 secondes dans l’opération. La formation américaine Navigators a elle aussi perdu des plumes aujourd’hui mais pas pour la même raison. Imaginez, ils avaient trois coureurs (Jeff Louser, Mark Walters et David O’Loughlin) dans le groupe de tête. Trois coureurs sur 14 et ils se font fourrer par deux Québécois. Cherchez l’erreur.
Quant à l’Américain John Lieswyn (Health Net), vainqueur du Grand Prix de Beauce en 2003, il a flairé le bon coup et il était l’un des membres de l’échappée finale d’aujourd’hui. Au classement cumulatif, il est à 13 secondes de Gilbert mais surtout, il possède une avance de 57 secondes sur l’Australien Nathan O’Neill (Navigators) l’un des grands favoris de ce Tour de Beauce (2e l’an dernier).
La seconde étape se dispute sur le circuit du Lac-Etchemin (180 kilomètres). « C’est un parcours très difficile. C’est vraiment très dur, reconnaît Dominique Perras. Les écarts vont être beaucoup plus grands. » Une chose est sûre, les Québécois vont souffrir et les aspirants à la victoire finale (O’Neill et Lieswyn entre autres) vont jouer du coude.
Les citations du jour
« C’est ça qui fait que je suis capable de faire ce que j’ai fait aujourd’hui. »
Martin Gilbert, quand on lui a lancé, à la blague : « Tu devrais lâcher la piste. »
« Ça commence ben mais j’ai regardé les prévisions de la météo à la télé aujourd’hui. Ils annoncent de la pluie toute la semaine. »
Kevin Lacombe, coéquipier de Martin Gilbert
Roue Libre
Le Tour de Beauce célèbre cette année son 20e anniversaire. Les organisateurs ont voulu innover en chambardant l’ordre des étapes tout en éliminant l’ascension du mont Mégantic, jadis l’étape reine de cette course. On comprend très bien ce besoin de renouveau. La nouvelle étape disputée à Québec, à l’avant-dernier jour du Tour, sur un circuit routier qui emprunte la Côte de la Montagne et la Grande-Allée, est vraiment une très bonne idée. L’allongement du contre-la-montre individuel aussi quoiqu’on aurait pu résister à la tentation de doubler le kilométrage! Par contre, l’abandon pur et simple de l’étape du mont Mégantic n’est pas la trouvaille du siècle. Il est vrai qu’au cours des dernières années, cette étape a été plutôt ennuyeuse à cause de l’apathie des coureurs. Mais, selon nous, ce n’est pas une raison pour éliminer une étape qui était emblématique de cette course (s’il fallait qu’on pose un tel geste à chaque fois qu’une course est plate, on aurait déjà laisser tomber plusieurs circuits dont celui du mont Royal). Surtout qu’au Québec, ça ne court pas les rues ou les routes un col comme celui de Mégantic. Au Tour de France, on peut bien se passer de l’Alpe d’Huez ou du col du Tourmalet une année, on en des dizaines d’autres à explorer. Ici, on en a un seul et il est déjà mythique. On aurait des dizaines d’histoires à vous raconter sur cette fabuleuse ascension qui a débuté en 1989. On espère que le Tour retrouvera le mont Mégantic lorsqu’il atteindra sa majorité (21 ans) !
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