Les larges accotements aspahltés représentent probablement une solution pour mieux partager la route.
photo : Serge Lapointe

Quand cyclistes et automobilistes
perdent les pédales

« Impossible de les éviter...» dit chacun des clans avec philosophie. Pourtant, la cohabitation n'a jamais été aussi difficile, même dangereuse, entre cyclistes et automobilistes partout en ville.

Le Journal est allé voir sur la rue comment se comportent les deux bandes «rivales». D'un côté comme de l'autre, la question se pose souvent : qui envahit le plus l'espace de l'autre ? Pour sa propre sauvegarde, le cycliste vulnérable doit souvent s'incliner.

À l'angle de Saint-Sacrement et du chemin sainte-Foy sur l'heure du midi, une dizaine de cyclistes passent en moins de 30 minutes. De ce nombre, trois ignorent totalement le feu rouge, deux autres foncent tête première alors que la priorité est aux piétons, et finalement, deux autres roulent carrément sur le trottoir. Un cycliste roule aussi à contresens. Le décompte laisse peu de marge de manoeuvre à ceux qui respectent les règles.

Seconde constatation, plusieurs voitures dépassent allègrement la ligne d'arrêt, négligent de signaler leurs intentions, ou encore ouvrent une portière sans précaution.

Un code pour les cyclistes
Les principaux acteurs de la circulation n'ont pas toujours le respect comme valeur principale. Un auteur français a même publié le Code de la route des cyclistes.

« Les cyclistes représentent un stress de plus pour nous, été comme hiver, même si on fait doublement attention, on ne les voit pas toujours. Il faut parfois donner des coups de volant pour les éviter » affirme Isabelle Duclos, conductrice au RTC. « J'ai déjà eu un accident avec un cycliste après un an de service. Il m'a traînée en cour pour ça et j'ai gagné. Il était en infraction », indique cette professionnelle de la route.

À qui la faute ?
Chemin du Versant-Nord, mardi, 14h15. Deux cyclistes casqués roulent côte à côte. Le véhicule qui les suit ne veut pas empiéter sur l'autre voie. Coups de klaxon, insultes, doigt d'honneur et tout le monde poursuit sa route. La même situation se répète également sur les chemins de campagne. Qui a tort ? «Partageons la route», la publicité du Ministère des Transports est vite oubliée.

Peu de plaintes
Selon Jean Minguy, porte-parole de la police de Québec, la situation ne s'améliore guère. « C'est ardu, c'est vrai. Il y a beaucoup d'agressivité de part et d'autre. Pourtant, peu de plaintes officielles sont déposées. La plupart du temps, ça se règle par des mots et des gestes...», dit-il.

L'infraction la plus courante de la part des automobilistes comme des cyclistes est principalement le non-respect du droit de priorité.

« Une voiture qui effectue un virage non protégé à gauche doit céder le passage à un cycliste qui roule en direction opposée. À l'inverse, le cycliste n'attend pas son tour à chaque fois », avoue-t-il.

Le relationniste avoue que peu de constats d'infraction sont remis aux cyclistes. « Ce sont plus souvent des avertissements. Les vraies amendes ne sont pas élevées, mais des points d'inaptitude s'ajoutent à l'occason » ajoute-t-il.

La situation n'évolue guère pour le mieux. Auto-vélo, moto-auto, tout le monde «haït» tout le monde.»

Jean-François Racine

Usager de la route au guidon de son vélo comme au volant de sa voiture, Paul-Aimé Lacroix, 53 ans, n'aime pas ce qu'il voit présentement. « Il y a une difficulté majeure en ce qui concerne le partage des équipements publics. Quand un camionneur te crie que t'a pas d'affaire dans le chemin, il est profondément convaincu qu'il a payé les pistes cyclables avec ses taxes. De mon côté je tiens fermement à garder mon droit de circuler sur la voie publique à vélo. Et je paye autant que lui...» pense-t-il.

Même s'il pratique le cyclisme de façon sérieuse depuis 25 ans, l'homme de Québec trouve absurde l'idée d'isoler les deux groupes. « Ce n'est pas intelligent. À l'époque, on riait des cyclistes. Maintenant on dit : Vous avez des équipements, tassez-vous de là. On se fout de savoir qui commet le plus d'infractions. Il faut revoir l'éducation des différents usagers, parce que l'intransigeance ne profite à personne », termine-t-il.

Jean-François Racine est également coureur cycliste. Lisez ses autres articles relatifs au vélo.

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