En "une" du Journal de Québec du 30 juillet.

Le bordel sur les pistes cyclables

Familles, marcheurs et chiens en laisse, joggeurs avec casques d'écoute, patins à roues alignées, fauteuils roulants et quadriporteurs avec fanion orange dans le vent, il faut avoir de bons réflexes et des nerfs d'acier pour s'aventurer à vélo sur le corridor des Cheminots lorsqu'il fait beau.

« Il faudrait songer à créer des voies rapides pour ceux qui veulent rouler à une vitesse raisonnable » dit en riant Mario.

La corridor des Cheminots et celui du Littoral sont-ils victimes de leur popularité ? Constatant le fort achalandage de la fin de semaine et la congestion qui en résulte, la réponse est oui.

Utilisateur régulier depuis des années, Enrico trouve périlleux le slalom du week-end !

« Il y a en qui se baladent deux au trois de large et ceux qui roulent à l'envers » affirme-t-il.

Même conclusion pour Eric et sa conjointe, qui empruntent parfois le corridor. « Il y a beaucoup de sans-génie qui filent trop vite, même avec un enfant dans leur remorque à l'arrière. Ce n'est pas la place pour faire une randonnée tranquille la fin de semaine » dit-il.

Patineurs, marcheurs, joggeurs, sans oublier bébé en pousse-pousse : le corridor des Cheminots
est devenu une course à obstacles qui fait frémir les cyclistes.
photo : Jean-Claude Tremblay

À l'intersection de la rue Cloutier, à Wendake, le Journal a aussi pu constater quelques situations cocasses par un bel avant-midi ensoleillé.

Perte d'équilibre d'une femme inexpérimentée en patins et carambolage évité de justesse, chute d'une cycliste âgée qui a voulu traverser sans s'assurer de la circulation à l'intersection, inattention flagrante d'un cycliste casque sur le derrière de la tête et radio au guidon, dépassements risqués, sans compter les hommes et femmes qui exposent joyeusement leurs charmes !

Un mini-bordel à saveur estivale. Rien pour faire baisser le stress. Bonnes vacances !

Malgré toute la bonne volonté d'aménager des espaces sécuritaires pour les cyclistes, plusieurs installations sont carrément dangereuses pour lesusagers.

Jean-François Racine

Si le cyclisme connaît un essor important, peu d'études ont porté jusqu'à maintenant sur les aménagements cyclables et leur effet sur la sécurité des usagers.

Premier élément douteux à signaler, les affreux poteaux placés à intervalles réguliers qui ont fait leur apparition sur les bandes cyclables de la région, il y a quelques années.

Ceux-ci sont en partie flexibles, tandis que ceux de la nouvelle génération, installés sur le boulevard Saint-Jacques ou à Lac-Beauport, sont rigides et surdimensionnés. Parmi les cyclistes rencontrées par le Journal, quelques uns ont embrassé le bitume après être passés trop près de ce danger. Un ingénieur aurait-il l'audace d'ériger des tiges de plastique ou d'aluminium au centre d'une route provinciale ?

Deuxième source de confusion et d'accidents, les bandes cyclables bidirectionnelles. Quel automobiliste s'attend à voir descendre un cycliste à contresens dans une côte comme c'est le cas à Val-Bélair ?

Autre curieuse invention, les pistes cyclables construites à travers les entrées privées et les sorties de terrains de stationnement de commerces. Les usagers doivent constament contourner les véhicules immobilisés, ou encore éviter la collision avec la voiture qui souhaite s'engager. La palme d'or revient à la route Jean-Gauvin à Cap-Rouge, où l'automobiliste doit presque obligatoirement empiéter sur la piste cyclable en attendant son tour.

Jean-François Racine est également coureur cycliste. Lisez ses autres articles relatifs au vélo.

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