Certaines pistes cyclables ont la réputation d'être plus dangereuses que d'autres, en raison de la signalisation, de leur configuration ou de l'achalandage. Les pistes des rues Boyer, Brébeuf et Rachel et celle du Vieux-Port en font partie.
Mélanie Brisson
Les pistes cyclables de l'axe nord-sud, formé par les rues Brébeuf, Boyer et Christophe-Colomb, sont les plus achalandées de l'île. On y a dénombré parfois, lors d'événements spéciaux, des pointes jusqu'à 5000 cyclistes par jour.
« Il serait temps quel y ait d'autres axes nord-sud parce que celui-là est surchargé aux heures de pointe », commente le porte- parole de Vélo-Québec, Patrick Howe.
Ce qui augmente le risque de collisions sur les pistes. « Il y a des cyclistes qui roulent vite et qui gardent leur vitesse, même si c'est plein de monde. C'est eux qui causent les accidents », dit Harold Desrochers, de la patrouille à vélo d'Urgences Santé.
Après avoir reçu plusieurs plaintes de cyclistes qui ne trouvaient pas l'axe nord-sud très sécuritaire, la Ville a récemment annoncé qu'elle investira 400 000 $ pour sécuriser cet axe le long de la rue Boyer. On y installera de nouveaux feux de circulation, en plus de modifier la signalisation et le marquage au sol. Ces modifications permettront aussi aux conducteurs de mieux voir les endroits où traversent les usagers.
Par ailleurs, une conseillère a récemment réclamé qu'on améliore la sécurité sur la piste de la rue Brébeuf. Elle demande qu'on y ajoute un arrêt obligatoire pour les cyclistes au coin de Gilford car il y aurait eu plusieurs accidents à cet endroit.
Rachel
Quant à l'axe est-ouest, il est également très achalandé. « La piste de la rue Rachel est aussi très utilisée, mais nous n'avons pas de comptage », indique Patrick Howe.
On sait toutefois que 1200 cyclistes par semaine circulent sur cette piste à l'ouest du boulevard Saint-Laurent, contre 1500 pour le secteur à l'est de la rue Préfontaine.
Après qu'un cycliste eut été happé le 23 juin après avoir brûlé un feu rouge lorsqu'il circulait sur la piste cyclable de la rue Rachel, à l'angle de Fullum, plusieurs ont décrit cette piste comme dangereuse. D'autant plus qu'elle est parsemée d'intersections rapprochées. « La piste n'est pas dangereuse, mais il y a beaucoup de feux mal synchronisés », précise M. Howe.
« Les feux pour les piétons sont plus longs que pour les cyclistes. Sur Rachel, un cycliste est immobilisé 90 % du temps. Sur un feu, il a la priorité pendant sept secondes, après le feu devient rouge pour 53 secondes. Quand on a à faire le trajet est-ouest, ce n'est pas pratique. Il y a une forte tentation de ne pas respecter les feux », commente le porte-parole de Vélo-Québec.
Ahuntsic
Par ailleurs, M. Howe tient à dénoncer la présence d'un tramway électrique touristique sur la piste cyclable de l'Île-de-la- Visitation, dans Ahuntsic. Ce tramway circule sur la piste les fins de semaine et les jours de congé. Or, le porte-parole de Vélo-Québec souligne que c'est lors de ces périodes que la piste est la plus achalandée.
Selon lui, il arrive même que des cyclistes soient obligés d'éviter le tramway en roulant dans le gazon. M. Howe se demande aussi si ce tramway pourra s'arrêter à temps si un cycliste chute juste devant.
Vieux-Port
Quant à la piste cyclable du Vieux-Port, elle figure parmi les plus achalandées. Ce qui se traduit par un nombre plus élevé d'accidents, selon les données de la patrouille à vélo d'Urgences Santé. « On a une forte concentration d'appels sur la piste cyclable entre le Vieux-Port et Lachine. On a beaucoup d'interventions entre le Vieux-Montréal et le boulevard Monk », commente André Champagne, d'Urgences Santé.
Le Service de police de la Ville de Montréal a lui aussi une patrouille à vélo. Mais, cette année, le SPVM bénéficie aussi des services de 80 cadets répartis sur l'île.
Achalandées ou pas, les pistes cyclables demeurent plus sécuritaires pour les cyclistes que les rues de Montréal.
Mélanie Brisson
Selon le Bureau du coroner, les décès de cyclistes sont le plus souvent dus à des collisions avec des véhicules.
Pour diminuer le nombre de cyclistes ainsi blessés ou tués, le Bureau du coroner suggère de « privilégier des environnements séparés de la circulation automobile lorsque cela est possible ».
Or, c'est ce que la Ville de Montréd s'apprête à faire. Elle entend en effet faciliter l'accès au centre-ville pour les cyclistes en aménageant des pistes cyclables qui les y conduiront et en augmentant les places de stationnerment qui leur sont réservées.
Cette initiative, prévue pour 2005, est bien reçue par les cyclistes, qui s'indignent du manque d'accès sécuritaire au centre-ville pour les adeptes de vélo. Ils déplorent l'absence de réseau cyclable entre les rues Berri et Green.
Entre 5000 et 10 000 cyclistes se rendent au travail au centre-ville actuellement, mais la Vill prévoit que son projet pourrait augmenter leur nombre à 15 000.
Milieu urbain
Par ailleurs, selon le coroner Michel Ferland, qui a enquêté sur la mort d'un cycliste heurté par une bétonnière à l'angle Papineau et Ontario, le 25 juin 2003, la Ville de Montréal doit aussi améliorer la sécurité des cyclistes en milieu urbain.
Il lui recommande de « cibler les intersections achalandées sur son territoire où il n'y a pas de signalisation particulière permettant la circulation des piétons, cyclistes et véhicules selon un ordre de priorité » et d'y installer cette signalisation. Il suggère aussi à la Société d'assurance automobile du Québec de lancer une campagne de sensibilisation sur les dangers du cyclisme en milieu urbain.
Dans un autre ordre d'idées, il lui propose également de produire une campagne de publicité sur les dangers de circuler à bicyclette avec les facultés affaiblies.
« Circuler en milieu urbain à bicyclette est une activité à laquelle s'adonnent de plus en plus de gens. Si l'aventure peut paraître périlleuse à l'occasion, il n'en demeure pas moins qu'en respectant les règles élémentaires de prudence, de telles tragédies pourraient être évitées », commente le coroner à propos du décès du cycliste.
Harold Desrochers et Pierre Bourgeois ne sont pas des ambulanciers ordinaires : leur ambulance, c'est un vélo muni d'une sirène et de mini- gyrophares.
Mélanie Brisson
Un mercredi matin, 11 h. Harold Desrochers et Pierre Bourgeois, deux des six membres de la patrouille à vélo d'Urgences Santé, quittent le Vieux-Port de Montréal pour commencer leur quart de travail.
On compte sur eux pour intervenir dans les endroits difficilement accessibles pour les ambulances, comme les pistes cyclables, les parcs ou les secteurs où il y a foule. Les ambulanciers-cyclistes, qui peuvent se faufiler partout, permettent ainsi de réduire le temps de réponse aux appels.
Alors qu'Harold et Pierre sillonnent la piste cyclable qui mène du Vieux-Port à Lachine, ils reçoivent un premier appel dans leurs radios : dans un immeuble du Vieux-Montréal, une dame s'est évanouie dans la douche et s'est fendu l'arcade sourcilière.
En quelques secondes à peine, guidés par l'opérateur qui suit leurs mouvements grâce au GPS fixé à leur vélo, ils arrivent sur place. « Les gens sont toujours surpris de nous voir arriver à vélo, surtout quand tu arrives à leur résidence avec ton casque ! Les trois quarts du temps, on est là avant l'ambulance », confie Pierre Bourgeois.
Après cette intervention, le duo reprend sa tournée. Soudain, une jeune fille en patins à roues alignées l'aborde : un taon l'a piquée et la douleur est intense. Alors que 50 % des interventions de la patrouille à vélo proviennent d'appels transmis par la répartition, l'autre moitié est constituée d'incidents impromptus comme celui-ci.
Les ambulanciers-cyclistes soignent autant des coups de chaleur que des fractures, en passant par les coupures et les arrêts cardiorespiratoires. La moitié de leurs interventions concernent des cas qui nécessitent un transport hospitalier.
Mais ils sont aussi au service de ceux qui ne veulent pas appeler une ambulance pour leur petite blessure. Ces personnes sont toujours heureuses de les voir arriver. « Ça rassure les gens de nous voir sur les pistes », dit Harold, à qui il arrive de secourir des gens qui ont chuté juste devant lui.
Se rapprocher des gens
Ce type d'intervention correspond à l'une des missions de la patrouille à vélo : se rapprocher des gens. Le duo est d'ailleurs bien heureux de répondre aux questions des passants curieux. « C'est une autre dynamique d'être à vélo que d'être dans une ambulance. On est plus proche des gens, ils viennent plus nous parler », confie Pierre. « J'aime être près des gens », ajoute Harold.
Après la jeune fille piquée par un taon, le duo n'attendra pas longtemps avant d'avoir une autre affectation : alors qu'il approche de la courbe située à la hauteur de la rue des Seigneurs, on l'informe que deux accidents viennent de s'y produire.
À son arrivée, une cycliste se tient le bras, assise au sol, et une femme en patins à roues alignées gît en plein milieu de la piste. La cycliste s'est infligé une fracture au poignet. La femme en patins, elle, s'est cogné la tête en tombant. Après avoir reçu l'aide des ambulanciers-cyclistes, les deux femmes quittent en ambulance.
Gens en patins
« On fait beaucoup plus de chutes de gens en rollerblades », dit Pierre. « La plupart des cas de traumatismes dus à des chutes, ce sont des gens en patins. Ils portent moins le casque que les cyclistes », ajoute Harold.
Les ambulanciers-cyclistes, en fonction de juin à septembre, ne chôment pas : en 2001, ils ont effectué 242 interventions, comparativement à 330 en 2002 et 360 en 2003. « La patrouille à vélo est très utile, c'est un service nécessaire », lance André Champagne, porte-parole d'Urgence Santé. Son collègue, Éric Berry, ajoute qu'Urgence Santé a décidé de se doter d'une patrouille à vélo il y a quatre ans en s'inspirant des exemples de Toronto et d'Ottawa.
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