Des nouvelles encourageantes

Chers vous,
Geneviève, la soeur d'Isabelle, a des nouvelles encourageantes à partager avec nous ce matin.

Jour 8, 5 juillet :
Elle respire enfin seule!
Et nous, on respire enfin mieux.
On l'a extubée avec succès ce matin
(car il y a toujours un risque de devoir remettre le tube si les paramètres ventilatoires se détériorent, ce qui, Dieu merci, n'est pas arrivé)

Je suis entrée dans sa chambre après la visite de l'inhalothérapeute qui venait de lui mettre le masque à oxygène avec de la vapeur d'eau pour humidifier ses cordes vocales irritées.

J'étais accompagnée de son amie et collègue Anne-Marie (NDLR: Dussault), celle-là même qui a animé cette entrevue à son sujet il y a quelques jours.

Le neurochirurgien lui a demandé de faire une série de mouvements qu'elle exécutait plutôt aisément, me semblait-il:
lever chaque jambe, chaque bras, bouger les doigts, ouvrir les yeux, faire un sourire, montrer les dents...
Et puis surgit la question tant anticipée, qui lui prescrivait de parler:
Comment vous appelez-vous?

Moment d'hésitation...
Consternée de voir qu'elle ne répondait pas, je me suis collée un peu plus sur Anne-Marie de qui je recherchais l'étreinte réconfortante.

Isabelle a retiré son masque à oxygène, a ouvert péniblement la bouche mais demeurait simplement aphone. C'est au prix d'un réel effort qu'elle a finalement murmuré:
"I-sa-belle".

Cette fois, c'est moi qui était étranglée par l'émotion et consolée par Anne-Marie.
Après avoir été à bout de nerfs toute la semaine, le moindre bouleversement se révèle très puissant.

Une fois mes esprits regagnés, je l'ai bombardée sans ménagement de questions "cognitives" pour poursuivre sur cette lancée: nom de famille, date de naissance, adresse, code postal, numéro de téléphone...
Un véritable interrogatoire de police.

Questions clairement trop faciles, dont elle me chuchotait les réponses en rafale de mitraillette.

Ok, c'est le temps de lui sortir la question sur cet article de loi (re :chronique d’hier) me dis-je.
Après avoir entendu la question, elle m'a gratifiée d'un regard complètement stupéfait, du genre
"D'où ça sort et quel est le rapport???"
J'ai donc annulé ma question, car j'avoue qu'elle était carrément hors contexte!
Je ne lui ai donc retranché aucun point.

Nous avons alors entrepris de la mobiliser un peu, d'abord sur pieds, (elle a fait quelques pas hésitants, mais prometteurs) puis en fauteuil roulant, afin de lui changer un peu le panorama. Évidemment, arpenter le corridor des soins intensifs n'est pas exactement une balade au Jardin botanique, mais ça lui a changé le mal de place.

Surtout, ça lui a fait voir l'entourage dans lequel elle se trouve, et elle a pu saisir la pleine mesure de ce qui lui est arrivé.

Comme des images troublantes de l'accident sont venues percuter son imaginaire après cette promenade, nous avons vite voulu faire diversion en lui montrant de belles photos des grandes capitales mondiales qu'elle pourra visiter un jour.

Devant la photo de Barcelone, son ami lui pointait la cathédrale dont il n'arrivait plus à se souvenir du nom et elle nous a pétrifiés en chuchotant dignement: "Sagrada Familia"

Elle m'a amenée au bord de l'évanouissement en précisant le nom de l'architecte: "Gaudi"

Je suis obligée d'admettre du bout des lèvres que je ne possède pas la profondeur insondable des connaissances encyclopédiques de ma sœur et que je dois piteusement chercher ce genre de données sur Google...

Qu'elle nous sorte spontanément et sans effort ces informations de son cerveau fraîchement contusionné me rassure considérablement.

Mais quelques propos décousus témoignent encore d'une certaine désorientation temporo-spatiale, alors je ne veux pas auréoler ce bulletin de santé d'un halo de parfait rétablissement.

Je remercie simplement la providence de pouvoir écrire aujourd'hui que ma sœur marche et parle, alors qu'il y a une semaine à peine, elle était inerte, avec "pas de son, pas d'image".

Elle sortira sans doute des soins intensifs demain. Ce qui est une autre étape qui jalonnera son long parcours vers la guérison.

Je poursuivrai ces chroniques quotidiennes encore quelques jours, si vous me le permettez, puis je les espacerai afin de laisser le temps de faire son œuvre. Car du temps, elle en aura besoin.

Je vous remercie de vos prières et de vos ondes positives.
Continuez à les envoyer, la magie opère...

Geneviève


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