"Arrêtez de me prendre pour une nouille, avec vos questions!"

Amis d'Isabelle, voici les dernières nouvelles d'elle.

Jour 7, 4 juillet :
Je me permets un petit ajustement de numérotation de mes bulletins de santé d'Isabelle par souci de chronologie. Cette numérotation était légèrement décalée du fait que la première chronique envoyée était l'annonce de la terrible nouvelle aux parents et amis, samedi dernier. Ce communiqué n'apparaît pas sur la page Facebook. Trop glauque et déstabilisant.

Le premier bulletin de santé qui a suivi était donc le deuxième communiqué, d'où son numéro, mais correspondait dans les faits au jour 1 post-trauma (vous me suivez? C'est pour vous garder alerte, comme les questions quiz destinées à ma sœur!)
Nous sommes donc en réalité au jour 7 post-trauma aujourd'hui.
D'où le bis.

Je saisis l'opportunité pour vous remercier de tous vos commentaires et vos encouragements, invariablement positifs. J'aimerais pouvoir répondre à chacun de vous personnellement mais ça deviendrait pratiquement un travail à temps plein, tant il y en a...

C'est très émouvant de voir à quel point vous aimez Isabelle et vous la soutenez en étant derrière elle.
Je lui lis des extraits de vos messages un peu chaque jour et c'est en quelque sorte comme si elle recevait votre visite à son chevet.
C'est excellent pour son moral.

Une gentille dame m'écrivait hier que l'on devait, avec Isabelle, avoir une TPP (technique des petits pas)
Cette abréviation m'a fait sourciller car dans le jargon médical, inversement, on ne veut surtout pas avoir de TPP (thrombophlébite profonde)

Et par bonheur, elle n'en a pas. C'est une complication courante des patients qui sont alités et immobiles, mais un examen échographique de ses mollets hier a confirmé l'absence de caillot.

Pour les prévenir, il faut activer la circulation des jambes.
Nous devons donc rapidement "verticaliser" les patients, comme on dit encore dans notre jargon.
(en d'autres mots, on assoit le monde.)

Isabelle a donc été "verticalisée" ce matin et installée au fauteuil dans un genre de Lazy-Boy capitonné.
Il fallait sécuriser toutes les tubulures durant le déplacement car elle est toujours reliée au respirateur.

Une fois verticale, plus facile de la stimuler et de lui faire pomper les mollets. On a pu lui faire un bon démêlage de cheveux après le shampoing sec, et on a pris la liberté de lui dégager la frange pendant qu'elle ne rouspète pas trop.
On veut pouvoir capter son regard!

Son amie Natalia, la pédicuriste, qui est aussi, on s'en doute bien, une manucuriste, est venue lui rafraîchir les ongles, question de lui égayer l'existence, sous les yeux amusés des membres du personnel des soins intensifs qui n'ont pas l'habitude de se prononcer sur la couleur du vernis!

Nous avons ensuite "jasé" avec Isabelle, toujours en prenant soin de lui poser des questions qui se répondent par oui ou par non, comme le font les hygiénistes dentaires lors d'un détartrage.

Elle semble vraiment tout comprendre et a identifié la date sans aide, en fonction de ce qu'on lui avait dit hier. Elle a écrit sur le calepin qu'on lui tendait "4 juillet 2015".
Sa main est encore incertaine mais la date, elle, est exacte, alors que le seul repère qu'elle avait était qu'on lui avait dit hier que nous étions le 3.

Ma mère n'en finissait plus de s'extasier devant sa bonne réponse et ma sœur a roulé des yeux un peu exaspérés, l'air de dire: "arrêtez de me prendre pour une nouille, avec vos questions!"

Très bien. Alors demain, tu l'auras voulu. On te demandera nonchalamment quel est l'article de loi sur la non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux!
Tout à fait ton genre de question...

On me dit que la réponse est:
article 16 (je n'en savais rien)
Je vous tiendrai au courant de ce qu'elle écrira dans son calepin.

On a très hâte qu'elle soit extubée pour qu'elle puisse parler. Elle qui aime tant communiquer, cette BLT doit l'ennuyer beaucoup.
(Non, je ne parle pas d'une sandwich bacon, laitue, tomate, mais d'une barrière linguistique totale!)
Quelques semaines de cette chronique et je ferai de vous des experts en décryptage de jargon médical!

On voit qu'elle s'éveille davantage un peu chaque jour mais tout est encore très ralenti, comme si son cerveau trempait dans la mélasse. Il faut laisser le temps au temps, comme m'écrivait une autre sage dame...

Lorsque je l'ai quittée en fin de journée, elle était toute flagada de sommeil alors on l'a réinstallée au lit pour qu'elle se repose.
Nous l'avons donc horizontalisée de nouveau.
Bravo ma grande sœur, tu entreprends une convalescence à géométrie variable!
À demain,

Geneviève


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