La dernière chronique de Geneviève

30 août :
Jour 64

Vous ne l'avez pas encore vue à la télévision mais certains d'entre vous l'ont entendue à la radio, chez Gravel le matin, où Isabelle a accordé, lundi dernier, sa première entrevue à la suite de son accident. Elle a démontré, à mon avis, qu'elle n'avait rien perdu de son aisance devant le micro. Une voix encore légèrement enrouée, sans plus. Nous voilà rassurés.

Pas encore assez confortable pour affronter les caméras, elle a préféré attendre un peu avant d'aller sur le plateau de Pénélope. Mais vous pourrez l'entendre à nouveau donner de ses nouvelles à l'émission de Paul Arcand mardi prochain où je serai à ses côtés.

Ce sera le premier septembre, date symbolique qui clôturera l'été bouleversant que l'on a connu chez les Richer.

Quoiqu'un événement cocasse, mais qui aurait pu être tragique a failli prolonger notre abonnement familial aux soins intensifs...
Tout ça à cause d'un simple barbecue.

Il est utile de préciser ici que j'ai débuté ma carrière aux urgences de l'Hôtel-Dieu de Montréal, où se trouve l'unité des grands brûlés. Alors très tôt dans ma vie professionnelle j'ai été témoin de graves brûlures secondaires à toutes sortes d'accidents terribles et d'explosions. Notamment de barbecue mal foutus qui sautaient en plein visage de certaines innocentes victimes juste après l'allumage.

Ai-je besoin de vous dire que depuis cette époque, je cultive une crainte viscérale de ces engins et jusqu'à tout récemment, j'évitais de m'approcher trop près de mon propre barbecue, pourtant presque neuf, comme s'il recelait sous son couvercle une mine anti-personnelle.

Il a toutefois bien fallu que je fasse une femme courageuse et autonome de moi le jour où j'ai reçu mon amie Paule à souper, il y a 15 jours. Au menu: des brochettes de poulet. Elle jugeait complètement archaïque de les cuire au four, tel que je m'apprêtais à le faire. (D'autant qu'on se rappelle que le four n'est pas ma force non plus, re: chronique du jour 50).

Alors j'ai pris l'air désinvolte de celle qui a fait ça toute sa vie et suis allée allumer mon barbecue, pour la première fois de l'année, mais en éprouvant secrètement la même frousse que si j'allais dégoupiller une grenade.

Et bien rien. Pas de POUF! qui vous embrase les sourcils et vous laisse une odeur de roussi dans les narines.
Je me suis auto-congratulée, en me disant que j'étais la reine du barbecue et je me croyais.

Alors qu'on préparais la salade dans la cuisine, une dense fumée s'échappait du barbecue, ce que Paule a vite fait d'imputer aux graisses sur le gril qui brûlaient.
J'ai donc voulu faire ma pro et aller gratter tout ça avec la brosse prévue à cet effet. Aussitôt que j'ai soulevé le couvercle, des flammes sont apparues. Oh lala, me suis-je dit!
Éteignons ce truc tout de suite, avant de mettre le feu aux voisins!

Je m'affaire donc prestement à tourner les boutons à "off", mais ceux-ci sont littéralement en train de fondre et me brûlent les doigts. Je les laisse tomber au sol, par réflexe, et le feu s'échappe alors par les trous de ces boutons, à l'horizontale, vers moi, comme si un nain de jardin était camouflé dans mon barbecue et m'attaquait au lance-flammes!

Paule est accourue à ma rescousse et, alors que je rétorquais au nain de jardin en tentant d'étouffer les flammes à grands coups de linge à vaisselle, elle a eu la brillante idée de fermer la valve qui alimentait le barbecue en gaz propane.

Tout s'est arrêté. Elle venait de sauver la situation en évitant que je fasse péter tout le quartier. J'ai éclaté d'un petit rire nerveux en imaginant les manchettes du lendemain:
"La sœur d'Isabelle Richer aux soins intensifs, brûlée au troisième degré"

Je me suis dit qu'à ce stade-ci, vous auriez cru qu'on le fait exprès, dans cette famille. Et vous seriez désormais en train de lire la chronique écrite par ma sœur: "des nouvelles de Geneviève"...

Quelle mésaventure! J'écris ces lignes de ma terrasse en regardant le piteux barbecue abandonné, pourtant encore rutilant mais à présent dépourvu de boutons.
Je n'en veux plus. Je vais l'afficher sur Kijiji :
"barbecue flambant neuf, oui, vraiment flambant, car il flambe littéralement dès que vous l'allumez!"

On me dit que c'est à cause des araignées, qui encrassent les tuyaux comme le cholestérol dans nos artères. Et qu'il faudrait que je NETTOIE ces tuyaux en début de saison, comme le font mes collègues cardiologues quand ils passent le ballonnet chez les patients bouchés des coronaires.

Pas question. Étant donné que je redoute les araignées à peu près autant que j'ai peur du barbecue, je vais les vendre avec. "Boutons non inclus mais superbes araignées en prime. Pour pas cher..."

N'empêche, malgré les casques protecteurs, les ceintures de sécurité, les habits de scaphandriers et tout ce que vous voudrez, on n'est jamais tout à fait à l'abri d'un bête accident qui peut vous chambouler une vie en une demi-seconde.

Cet après-midi, je m'en vais boire un petit rosé dans le jardin de mes parents en compagnie de mon frère, ma sœur et la famille Richer élargie (avec les cousins-cousines, oncles et tantes, à qui cette chronique était initialement destinée) et nous trinquerons tous à notre santé collective, la "préservée" et la "retrouvée", selon l'état de chacun d'entre nous.

Promis, je vous lèverai mon verre, à vous tous que je ne connais pas mais qui m'avez supportez tout l'été, en vous souriant intérieurement, vous offrant mes vœux de bonheur et de santé, alors que je vous tire ma révérence.

Merci encore,

Geneviève


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