Chers amis d'Isabelle, voici le bulletin de santé rédigé par Geneviève, sa soeur qui est médecin. Merci de vos touchants messages d'encouragement.
Jour 3, lundi 29 juin:
Nous voilà remplis d'espoir ce matin à l'idée d'une extubation possible, vu les progrès de la veille.
Une nouvelle évaluation neurologique s'impose auparavant, bien entendu afin de vérifier l'état de conscience d'Isabelle une fois les sédatifs retirés de l'équation.
Pour les initiés, je souligne au passage que ma sœur reçoit une double perfusion de fentanyl (puissant analgésique) et de propofol
(agent sédatif qui induit un sommeil profond).
Il faut donc lui permettre d'évacuer de son système circulatoire les résidus de ces substances avant de pouvoir se fier à ses réactions.
Après quelques minutes de sevrage du propofol, elle commence à s'agiter les jambes. Elle a envie de pédaler, on dirait!
Nous procédons à un test.
Quelques questions de "pré-test" sont de mise, afin de valider la fiabilité de ses réactions.
As-tu mal au coude? Un squeeze, donc non. Tant mieux
Et finalement, la question qui nous inquiète tous mais qui nous brûle les lèvres: sais-tu qui je suis?
Donc pas d'évidence d'amnésie du genre: mais qui sont tous ces inconnus éplorés autour de mon lit?
Et puis épuisée par ces questions, elle referme les yeux et se rendort.
Une fièvre et des sécrétions bronchiques laissent soupçonner une VAP (ventilator associated pneumonia) qui pourrait être responsable de sa somnolence accrue. Un traitement aux antibiotiques intraveineux est donc débuté et on devra attendre au moins un autre 24 heures avant de considérer l'extubation.
On a donc dû redémarrer sa perfusion de propofol, que mon frère, ce spécialiste de la haute finance mais qui n'entend rien aux affaires de médecine, a rebaptisé commodément: sa perfusion de profiteroles!
On lui prescrit des profiteroles intraveineuses? Vraiment? Ma foi, ça donne presque le goût d'être dans le coma!
Je souris en écrivant ces lignes car je sais que ma sœur apprécierait ce genre de blague.
Ça me permet d'aller au lit le cœur plus léger, en espérant que ma chronique de demain vous apportera son lot de nouvelles réjouissantes.
Allez, on prie!
À nouveau, elle ouvre les yeux à la demande et elle suit du regard.
Excellent.
On intensifie la complexité des consignes: lève le pouce de ta main droite.
Ce qui demande de reconnaître tout d'abord ce qu'est un pouce, en plus de discerner sa gauche de sa droite. Tout ça a l'air banal, mais quand on est à moitié inconscient, ça se corse!
Et bien victoire, elle a levé son pouce en l'air. C'était le droit, je tiens à le préciser.
On met nos doigts dans sa main avec la directive suivante:
un squeeze, c'est non
deux squeeze, c'est oui.
As-tu mal au cou? Deux squeeze, donc oui. Évidemment, avec ce collet cervical rigide, on soupçonne que ce n'est pas exactement le grand confort...
Deux squeeze. Ouf!!!
Ça nous aurait à coup sûr brisé le cœur.
Les médecins décrètent que son état de conscience est encore trop altéré pour l'extuber. Quelle déception...
Merci
Geneviève
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