17 août :
Fanfare, confettis et serpentins : Isabelle a obtenu jeudi dernier son congé définitif de l'institut de réadaptation!
Vous avez compris que c'est plus tôt que prévu. Elle devait y rester encore une bonne semaine, mais son médecin traitant et l'équipe de thérapeutes ont unanimement jugé qu'elle n'avait plus beaucoup à gagner en demeurant à l'interne.
Elle poursuivra ses progrès en externe, à raison de quelques rendez-vous chaque semaine.
Il est sans doute indiqué d'apporter une petite précision ici:
Depuis sa naissance, dès sa sortie de l'utérus, Isabelle a toujours tout fait plus vite que les autres.
En bébé empressé, elle marchait à huit mois, parlait à 20 mois et lisait à trois ans.
Dans l'album de famille, ses exploits intello-psycho-moteurs nous ont conféré, à mon frère et à moi, des allures de parfaits petits lambins, puisqu'il nous a fallu attendre à la maternelle (comme tout le monde) pour apprendre à lire décemment.
Alors on ne s'étonne pas qu'elle fasse pareil en réadaptation.
En ergo, elle a rapidement démontré qu'elle se débrouillait parfaitement dans les tâches de la vie quotidienne avec un seul bras (le fracturé étant encore un peu raide.)
En orthophonie, elle est devenue redoutable au jeu des charades et, comme elle est plutôt rompue à l'art de l'entrevue, elle s'est acquittée de cette épreuve haut la main (la droite seulement, remarquez-bien, la gauche ne levant pas encore très "haut", vu la raideur à l'épaule).
Et en neuropsy, elle a scoré à tous les tests cognitifs, sauf en dessin, où elle était d'une nullité consternante. Mais bon, elle l'était déjà avant l'accident, alors il ne faudrait quand même pas espérer que le trauma crânien ait soudainement fait surgir chez elle des talents auparavant inexistants!
C'est ainsi qu'après une visite éclair de l'ergothérapeute à l'appartement d'Isabelle pour s'assurer que tout y était conforme et sécuritaire, son congé fut signé.
Car une fois le sceau d'approbation apposé par l'ergothérapeute, tout indique qu'Isabelle est mûre pour être lâchée lousse en société.
Il faut dire qu'elle peut invariablement compter sur la présence rassurante et bienveillante de son fidèle amoureux, ainsi que sur celle d'une ribambelle d'amies qui se relaieront pour l'assister.
Le test ultime de l'autonomie à domicile: faire fonctionner sa machine à expresso.
Un autre engin plein de boutons qui me fait frémir, aux allures de tableau de bord d'un avion de ligne.
Voilà pourquoi en ce qui me concerne, je me contente de boire du thé. Faire bouillir de l'eau représente déjà, au saut du lit, un défi amplement suffisant.
Mais pour elle, aucun problème. Elle s'est fait un café toute seule.
Les gestes étaient exécutés sans hésiter et avec une précision chirurgicale. Donc mémoire rétrograde intacte.
Mais en bonne perfectionniste angoissée, toujours un peu pétrie de doutes, Isabelle s'inquiète toutefois de sa mémoire antérograde (celle qui construit de nouveaux souvenirs).
Par exemple, elle a vu il y a quelques jours l'orthopédiste qui lui a prescrit des mouvements répétitifs à faire chez elle afin de regagner l'amplitude articulaire de son coude et de son épaule gauches.
Elle était toute déconcertée de ne pas se rappeler avec précision s'il lui avait recommandé de faire la série d'exercices 10 fois d'affilée, à raison de 20 fois par jour, ou bien faire les exercices 20 fois d'affilée, à raison de 10 fois par jour...
Bien franchement, on ne perdra pas de sommeil là-dessus, Isabelle, parce qu'en fin de compte, tu finiras par exécuter l'exercice 200 fois au total de toute façon. Ton docteur ne verra jamais la différence! Alors on se calme.
D'ailleurs, même en l'absence de trauma crânien, il m'arrive souvent de m'empêtrer avec ce genre de consignes et du coup, d'aboutir à la même méprise.
Ça explique sans doute pourquoi je fouare tout en cuisine.
(Le rôti au four, c'était 175 minutes à 350 degrés, ou bien 350 minutes à 175 degrés?... Ah non. Je renonce. Trop mêlant. Voilà pourquoi je mange encore chez ma mère le dimanche soir!)
Nous sommes tous enchantés de la progression fulgurante d'Isabelle, mais attention, ne nous emballons pas trop vite. Elle n'est pas encore assez en forme pour reprendre l'antenne dès septembre. Encore un peu de convalescence figure au programme.
Je vous la ramènerai bientôt chez Pénélope, tel que promis. Elle sera à mon bras, puisqu'elle est encore un peu limitée dans ses mouvements, mais elle sera là en un seul morceau pour vous livrer elle-même les plus récentes nouvelles à son sujet.
Elle est un peu gênée de se montrer à l'écran avec son collet cervical, mais moi je trouve qu'au contraire, ce port de tête lui donne un air impérial!
Et puis Pénélope comprendra, elle-même est passée par là. Vous êtes toutes les deux des championnes de la réadaptation, ayant chacune à votre tour triomphé du mauvais sort que la vie vous a jeté, en faisant un immense pied-de-nez à votre vilaine infortune: Et vlan!
Quelles victoires inspirantes, les filles!
À bientôt,
Geneviève
Jour 50
En physio, elle leur a fait des sprints sur le vélo stationnaire.
Sans compter ma mère qui veille au grain et tous les autres du clan Richer, dont moi, qui ne sont pas très loin...
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