Congé de l'hôpital

16 juillet :
Voici les toutes dernières nouvelles d'Isabelle.

Nous avons obtenu notre congé de l'hôpital aujourd'hui, Youppi!

Elle a quitté l'hôpital en fauteuil roulant avec tout le bazar reçu pour son anniversaire, les bras chargés de fleurs, de ballons gonflés à l'hélium et de cadeaux en tout genre, comme si elle revenait d'une fête d'enfants.
Plutôt joyeux, comme tableau!

La voilà installée dans une belle grande chambre d'un institut de réadaptation, où elle jouira d'un environnement beaucoup plus calme.
Elle a même fait une petite blague au personnel qui l'accueillait en demandant où était le mini-bar, tant elle était impressionnée par le côté "5 étoiles" de l'endroit.

Le retour de son sens de l'humour augure de très bonnes choses. D'abord pour son moral, que j'aurais cru beaucoup plus amoché, vu les circonstances, mais il émane plutôt d'elle une grande sérénité, se sachant déjà chanceuse d'être en vie.
Ensuite pour son rétablissement cognitif, qui continue de faire des progrès spectaculaires quotidiennement.

Il y a quelques jours à peine, elle n'arrivait plus à se rappeler du titre de son émission, sachant seulement de façon vague qu'elle en animait une chaque matin.

Et puis elle s'est souvenue du mot "loupe", et soudainement, ça lui est revenu.

Cette évolution rapide laisse présager que le brouillard se lève doucement sur sa conscience et sa mémoire, à mesure que les contusions cérébrales s'estompent.

Il demeure quelques fâcheux symptômes, cependant, assez irritants tout de même, comme une diplopie intermittente (traduction: elle voit double de temps en temps) et une dysphagie
(traduction: elle a de la difficulté à déglutir) secondaire à ses douleurs cervicales.

D'ailleurs, un rayon-X récent de sa colonne a démontré que ses vertèbres fracturées s'étaient un peu déplacées, parce qu'elle passait son temps à tripoter son collet cervical pour le desserrer.
Elle s'est fait gronder!

On comprend qu'à 30 degrés Celsius, on se passerait tous d'un col roulé en velcro, mais on ne badine pas avec la moëlle épinière, ici!
Alors comptez sur moi, son collet est désormais bien vissé et cadenassé sous son menton, ça ne bougera plus!

Malgré le fait qu'elle semble regagner son esprit affûté à la vitesse de l'éclair, elle demeure extrêmement fatigable et la petite coquine omet parfois de mettre ses neurones à "off".

On lui a confisqué son I-pad car elle voulait tout lire ce qui se passe sur Facebook, à tel point qu'elle fait parfois surchauffer ses fusibles et en fin de journée, il arrive qu'il y en ait un qui disjoncte.

Alors voilà que s'installe un mécanisme de défense bien connu d'un cerveau fatigué, celui de distordre la réalité, donnant lieu à quelques comportements incongrus mais réversibles et transitoires, je tiens à vous rassurer là-dessus.

Prenons hier, par exemple:
Ayant un petit creux, elle s'est mise furieusement à la recherche de chocolat dans sa chambre, et on l'a retrouvée en train de déchiqueter en lambeaux une boîte de carton dans laquelle se trouvait des fleurs, convaincue qu'on y avait caché des chocolats.

Remarquez, là-dessus, je la comprends. Je suis moi-même proche du délire lorsque j'ai une fringale de sucre.
Quand j'ai fait le tour de mes armoires dans de vaines recherches pour trouver du chocolat, je serais capable d'arracher le papier-peint avec mes ongles si je savais que mes murs en recelaient!

Alors je ne juge pas trop sévèrement ce petit accès hallucinatoire chez elle, car ça peut arriver à n'importe quelle femme, en somme!
C'est "hormonal", nous dit-on...

Alors on l'a plutôt mise au lit (après l'avoir nourrie!) et la revoilà le lendemain fraîche comme une rose, le collet cervical en place, l'attelle au bras gauche et la canne à la main droite, prête à attaquer une journée de travail. Car ici, du travail, il va y en avoir!
Pas d'oisiveté sur la terrasse durant la journée à profiter du soleil en se remettant d'un petit coma.
Non madame, fini le niaissage.

Les horaires seront chargés.

Une horde de thérapeutes de tout acabit se succèdent dans sa chambre pour se présenter et l'aviser qu'elle sera prise en charge dès demain.

Voilà pourquoi dorénavant, les visites seront limitées. Elle demeure cependant très reconnaissante pour toutes les visites qu'elle a déjà reçues jusqu'à présent, et pour l'amour et le support qui continuent d'affluer chaque jour de la part de chacun d'entre vous.

Elle se sent privilégiée de pouvoir compter sur tant d'amis et de collègues de travail si loyaux et dévoués, en plus de la présence indéfectible de son remarquable amoureux.

Mais elle a fait fondre mon cœur de sœur lorsqu'elle a planté son regard dans le mien et m'a dit: " Je suis vraiment chanceuse d'avoir tous ces amis autour de moi, mais je n'ai qu'une seule sœur."

Elle m'a émue aux larmes. Et puis j'ai souri en pensant que ces jours-ci, elle doit plutôt avoir l'impression d'en avoir deux, puisqu'elle me voit en double!

Je profite de ce clonage temporaire pour me remettre à mes chroniques occasionnelles afin de vous tenir au courant de ses progrès, tout en m'acquittant de mes tâches professionnelles et domestiques.

C'est assez commode, d'être double, quand même!

Je vous le recommande...
À bientôt,
Geneviève


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