J’ai redécouvert mon meilleur ami : le silence

« À 30km de Wawa en Ontario. 230 et quelques kms entre Sault Ste Marie et Wawa et pas un chat! La distance entre Québec et Montréal. Pas une station d’essence. Rien, juste de la forêt boréale. J’ai fait plusieurs fois le trajet en bus et en auto pour traverser le Canada, mais c’est maintenant à donner des coups de pédales que je me rend compte à quel point le territoire canadien peut être sauvage et peu peuplé.

Je suis parti à 3h00 am de Sault Ste-Marie, comme je le faisais depuis quelques jours, pour éviter la circulation du jour (extrêmement dangereuse, vu l’absence d’accotement en Ontario). Une fois dépassé Sault Ste. Marie j’ai redécouvert mon meilleur ami: le silence. Pas un son sur la route, parfois pendant plus de 10 minutes. Parfois, j’ai l’impression de pédaler sur la piste cyclable la plus large et la plus longue du monde. Le bonheur!

Petit hic, je n’ai pas regardé Google Map avant de partir de Sault Ste. Marie et je me suis rendu compte seulement le soir venu qu’il n’y avait aucun ravitaillement avant 130 km. Considérant qu’il me restait un repas déshydraté et assez de noix pour la journée je n’étais pas trop stressé, mais que faire pour l’eau? Normalement j’utilise la neige pour me dépanner. Je la fais bouillir, mais là je voulais économiser mon combustible au maximum. J’ai regardé sur Google pour me rendre compte que l’eau du lac Supérieur est potable. Une mer d’eau potable. D’où je me trouvais l’autre rive était à 400km. Toute cette étendue d’eau pour me désaltérer.

Quand je me suis couché, il faisait 2°C. La neige était si mouillée que tout mon stock est devenue complètement trempé. Le lendemain il faisait -3°C et j’ai renfilé mes gants mouillés sur mon vélo. Le calvert ! Donnez-moi de la température en bas de -3°C. Gérer du stock mouillé froid en camping est un casse tête logistique. Il est très difficile de faire sécher quoi que ce soit en bas de 5 degrés. Une fois bien gelée, la neige ne mouille plus (généralement en bas de -3°C).

Donc aujourd’hui je m'étais donné comme objectif de faire les 135 km qui me séparaient de Wawa pour aller me dégoter une sécheuse dans un "travel centre" (sorte d’arrêt pour truckers, avec des machines à laver et des douches. Oui ça existe!). Rendu à 16h00 j’avais seulement roulé 100km et j’appréhendais une nuit de camping avec du stock trempé de la veille, mais qu’est ce je vois pas, un petit sentier. Peut-être que quelqu’un y habite et pourrait me prêter une place dans son garage.J'ai trouvé mieux: cette petite cabane de rien du tout où on avait laissé quelques bûches pour partir un feu.


J’attends maintenant que le soir se couche en écoutant le feu crépiter dans la cheminée. Il y a un petit lac près de la cabane. J’irai percer un trou avec une hache dans la glace pour mon eau et je pourrai apprécier le spectacle des étoiles. Quelquefois la beauté de la réalité dépasse l’entendement. On se croirait dans une chanson de Richard Desjardins. »

Louis-Joseph Couturier
sur facebook, le 6 janvier 2021

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