Équipe nationale

Alex Harvey sera-t-il exclu de l’équipe nationale A ?

Montréal, 5 mai 2009 – Après avoir remporté deux médailles de bronze en seulement une demi-saison en Coupe du monde de ski de fond, Alex Harvey a été la révélation du circuit international. Ces résultats obtenus et surtout sa préparation pour y arriver n’ont toutefois pas été suffisants aux yeux des dirigeants de Ski de fond Canada pour les convaincre que sa recette qui fonctionnait l’an dernier était encore bonne pour l’année olympique qui s’en vient.

Comme l’a révélé le Journal de Québec dans son édition de mardi, Ski de fond Canada aurait relégué le jeune athlète à l’équipe nationale de développement à cause de son refus de participer à tous les camps d’entraînement de l’équipe nationale A. Même si cette rétrogradation ne remet pas en cause sa sélection olympique et sa participation aux épreuves de Coupes du monde de la prochaine saison, le fondeur sera privé d’un soutien financier variant entre 15 000$ et 20 000$, selon son entraîneur Louis Bouchard.

Présentement en vacances à l’extérieur du pays, Harvey n’a pu être joint pour commenter.

Une recette gagnante compromise
« L’an dernier, nous leur avions proposé le même plan et ils l’avaient accepté. Cette année, ils ne l’acceptent pas. Selon la logistique de l’équipe nationale, Alex ne répond pas aux critères qui sont de participer à tous les camps d’entraînement », a commenté Bouchard, entraîneur au Centre national Pierre-Harvey, encore sous le choc, d’autant plus qu’il avait reçu une réponse positive à sa proposition il y a à peine une dizaine de jours.

« Il était prévu qu’Alex devait participer à pratiquement tous les camps d’entraînement de l’équipe, sauf à celui de Mammoth (Californie) en octobre. Eux (l’équipe nationale A) vont faire de la course à pied aux États-Unis, alors que nous, nous allons à Dachstein (Autriche) pour aller faire du ski de fond. À ce camp, nous aurons quatre farteurs pour tester des skis en prévision des Jeux olympiques, alors qu’eux, ils veulent qu’Alex aille faire de la course à pied au même moment ! » poursuit l’entraîneur, incrédule devant cette décision.

La structure de Ski de fond Canada touche également d’autres athlètes. Philip Widmer et Sean Crooks, tous deux membres de l’équipe nationale de développement, ont signifié leur intérêt de quitter le centre national de Canmore pour celui de la région de Québec, ce qui leur a été refusé, même si le centre de Québec fait partie de la structure de l’équipe nationale.

« Ils mettent des bâtons dans les roues à des jeunes qui veulent se développer et qui n’ont pas progressé depuis les Jeux olympiques de Turin, poursuit Bouchard. Ces jeunes veulent passer à l’action et on leur dit non. Je pense que les gens de la fédération ont peur de perdre le contrôle de leur système. Ils n’ont pas confiance en leurs athlètes et en moi. Ce qui prime avant tout pour eux, ce ne sont pas les athlètes, c’est le programme. Ce que je leur reproche, c’est que la direction est beaucoup trop rigide et n’est pas adaptée aux athlètes. »

À titre d’exemple, Bouchard expose les succès que les athlètes du Centre national Pierre-Harvey ont connus aux mondiaux de moins de 23 ans. « Ça démontre que le programme fonctionne et que ce n’est pas seulement un athlète. J’ai cinq anglophones qui s’entraînent avec moi et si je les oblige à être tout le temps à côté de moi, ils ne réussiront pas. Les gens doivent avoir du temps pour aller se ressourcer chez eux, tout en poursuivant leur entraînement. »

Ce n’est pas la première fois que l’athlète de Saint-Ferréol-les-Neiges a des frictions avec sa fédération nationale. Il y a quatre ans, Harvey menait de front des carrières en ski de fond et en vélo de montagne, ce qui ne plaisait pas à Ski de fond Canada, qui craignait de le voir se blesser. Voyant que ses chances de succès étaient meilleures en ski, Harvey avait finalement choisi de délaisser le vélo de montagne.

Une question de principe selon Ski de fond Canada
La nomination de l’équipe A a été annoncée la semaine dernière et les athlètes devront signer dans les prochains jours l’entente qui les lient à l’équipe nationale. Ce contrat stipule entre autres l’obligation pour eux de participer à des camps d’entraînement.

Thomas Holland, directeur de la haute performance chez Ski de fond Canada, a confirmé qu’Harvey pourrait ne pas faire partie de l’équipe A s’il n’accepte pas les conditions qui lui sont proposées.

« Nous avons fait une exception pour qu’Alex puisse continuer à travailler avec Louis (Bouchard), qui fait du bon travail. Toutefois, l’équipe de Coupe du monde est différente de celle de développement. Si on fait des exceptions pour tout le monde, le concept d’équipe disparaît. Les membres de l’équipe nationale doivent demeurer à Canmore et nous avons déjà fait une exception pour Alex à ce sujet, mais il doit participer aux camps d’entraînement. »

Pourquoi alors Ski de fond Canada a-t-elle accommodé Harvey la saison dernière et ne ferait-elle pas la même chose cette année ?

« Nous avons fait une exception l’an dernier parce qu’il était à son année de transition entre les juniors et le seniors. C’était une recette qui a fonctionné pour lui, mais on parle d’une nouvelle année et il sera dans le groupe rouge (ndlr : les 30 meilleurs) de la Coupe du monde et nous voulons construire notre concept d’équipe en vue des Jeux olympiques. »

Un précédent : Beckie Scott
Seul représentant canadien masculin aux épreuves olympiques de ski de fond aux Jeux de Salt Lake City en 2002, l’ex-athlète Donald Farley s’est dit choqué, mais peu surpris de voir dans quelle situation se retrouve Alex Harvey. Pourtant, le Québécois souligne que la fédération nationale a déjà accommodé ses meilleurs athlètes, notamment Beckie Scott au début des années 2000.

« Elle habitait aux États-Unis et ne participait pas à tous les camps de l’équipe. Mais maintenant pour Alex, c’est impossible. La situation d’Alex est similaire sinon identique à celle de Beckie. Pourquoi c’était justifiable pour elle ? Alex, tout ce qu’il demande, c’est de rester à Québec, car ça fonctionne pour lui. »

Farley, qui avait également connu des différends avec l’équipe nationale, ne mâche pas ses mots quant au sort qui est réservé à l’étoile montante du ski de fond canadien.

« Ils oublient que leur argent vient des payeurs de taxes qui subventionnent le sport. Non seulement ils nuisent au développement d’un athlète prometteur, ils gaspillent notre argent. C’est terrible ce qu’ils font et c’est inacceptable ! »

Rédaction : Mathieu Laberge


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