mai 2007

1965 : le doublé Dauphiné Libéré – Bordeaux Paris de Jacques Anquetil

Daniel FERTIN

A la fin de l’année 1964 Jacques Anquetil a déjà tout gagné, cinq Tours de France (1957, 1961, 1962, 1963 et 1964), deux Tours d’Italie (1960 et 1964), un Tour d’Espagne (1963) et déjà 7 Grands Prix des Nations. Quel défi pouvait-il encore envisager pour l’année 1965 ? Des défis de toutes sortes, il en avait déjà tellement relevés que le challenge semblait pour une fois insurmontable. On l’avait bien vu relever des défis diététiques, le plus gros mangeur, le plus gros buveur, on l’avait vu également affronter des défis aux lois de la raison, aux lois du sommeil, Jean-Paul Ollivier n’a-t-il pas intitulé l’un de ses ouvrages édité chez Flammarion : « Jacques Anquetil, l'homme des défis ».

Au début de la saison 1965 il a remporté Paris-Nice et le Critérium National. Il a obtenu l’autorisation de ses employeurs de ne pas participer aux grands tours cette année se réservant pour le Dauphiné Libéré cette course par étapes qui se déroule dans les montagnes alpines. Bien sûr il l’emporte à Avignon après une semaine éprouvante où il a dû batailler fort contre des adversaires et contre le froid comme lors de l’étape arrivant à Grenoble. Le lendemain il rassure ses supporters lors d’un contre la montre à Romans et il peut descendre à 17 heures du podium protocolaire dressé dans la cité des papes. Il est très pressé.

En effet, il est attendu à 1 h 30 du matin pour prendre le départ du derby de la route, Bordeaux-Paris, 557 kilomètres. Pourquoi encore un tel défi ? Le grand défi de sa carrière. Raphaël Geminiani, son directeur sportif, s’est aperçu du rapprochement de ces dates et a annoncé à son coureur : « Vois-tu Jacques, celui qui réussira à gagner Bordeaux-Paris dans la foulée du Dauphiné assurera sa carrière pour vingt ans, le public lui baisera les pieds ! ». Tout est organisé entre Avignon et Bordeaux, un avion spécial, un peu de repos dans l’avion, le massage dans les airs et voilà le champion normand au départ avec deux de ses équipiers (qui eux n’ont pas participé au Dauphiné) Jean Stablinski et Vic Denson.

Soudain la pluie se met à tomber dès le 41ème kilomètre. « Je vais abandonner » confie-t-il aux photographes qui l’approchent sur leurs motos. Il poursuit cependant sa route, la pluie elle, continue de plus belle. Jacques paraît de plus en plus fatigué, épuisé. A la surprise des entraîneurs Jacques Anquetil refuse de continuer plus loin et monte dans la voiture de son directeur sportif qui aura une fois de plus le mot qu’il faut. « Fous-moi le camp de là, monte dans la voiture balai, tu n’as rien à faire ici ». Piqué dans on orgueil, Jacques Anquetil ne peut accepter d'autant que Gem en rajoute « Dégage, c’est fini entre nous, je croyais en toi, j’avais confiance, ma connerie est d’avoir fait confiance à une gonzesse ». Quelques secondes plus tard, Jacques Anquetil est de nouveau en selle pour prouver sa valeur. François Mahé à 9 minutes d’avance, Jean Stablinski va se charger de revenir sur lui. La suite c’est la vallée de Chevreuse où Jacques Anquetil est accueilli en vainqueur triomphant et que dire de l’ovation du parc des Princes où il pénètre en tête largement devant son équipier nordiste et champion de France Stablinski et le Britanique Tom Simpson, vainqueur de l’épreuve en 1963 et futur Champion du Monde durant l’été 1965.

Encore une fois « Maitre Jacques » avait relevé un défi et l’avait gagné, certainement le plus grand défi de l’histoire du cyclisme et ce n’est pas pour rien que cet enchaînement est très souvent cité parmi les plus grands exploits du cyclisme de tous les temps quand il s’agit de classer les performances cyclistes.


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